Retour à la Bio-Bibliographie

English Version

Imprimez et lisez ces pages à partir d'une des versions à télécharger :

 

         L'Anarchiste:                         Tous les Livres de RM:               Les Applications:

   Acrobat Reader (PDF)         Acrobat Reader (PDF) (EXE)              Get Acrobat Reader

      MS Word (DOC)                      MS Word (DOC) (EXE)                     Get Acrobat eBook Reader

      MS Reader (LIT)                     MS Reader (LIT) (EXE)                     

 

    L'Anarchiste Tome II:

         MS Word (DOC)

 

Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

 

L'ANARCHISTE

Tome I

 

Publié chez :

 

 

Roland Michel Tremblay

Cliquez ici pour l'Anarchiste Tome II

 

 

44E The Grove, Isleworth, Middlesex, Londres, TW7 4JF, UK

Tél./Fax: +44 (0) 20 8847 5586     Mobile: +44 (0) 794 127 1010

rm@themarginal.com     www.lemarginal.com

- 1 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

L'Anarchiste , Recueil de poésies noires

Peut-on encore allumer les masses ? Peut-on encore motiver une génération à accomplir quelque chose de concret ? Peut-on encore scandaliser un peuple et fabriquer une légende ?

 

S'il faut décrire une génération, il ne faut pas y aller par quatre chemins, il faut viser juste. Ce qui est anarchique en fait n'est peut-être que la réalité commune à tous. Sinon, c'est là où l'anarchie commence.

Roland Michel Tremblay a publié certaines pages de L'Anarchiste dans Les Saisons Littéraires (Les Éditions Guérin, 8 avril 1997, numéro 10) et ces pages ont été publiées à nouveau dans un livre appelé Poètes québécois d'aujourd'hui, 1994-1997 (Guérin Éditeur, 1998, Montréal, Québec, Canada). D'autres poèmes de L'Anarchiste sont parus dans ENVOL, Revue de Poésie (Vol. VI, No 2, 1998, Les Éditions du Vermillon, Ottawa, Ontario, Canada). En 2001 certains textes de l’Anarchiste se sont retrouvés dans le livre Poètes des Saisons des Poètes, Anthologie 1994-2001 publié chez Guérin Éditeur. Ce qui confirme ce qu’il a toujours cru : on devient poète par accident.
 

Disponible en Anglais  (www.themarginal.com/Anarangl.htm)

 

 

ISBN : 2-7479-0013-4         

Prix public : 59FF/ 9 Euros

En téléchargement gratuit sur : www.idlivre.com/rolandmichel.tremblay

Achetez-le sur le site Le Livre Français :

www.livre-francais.com/?tliv=14&idliv=2-7479-0013-4

- 2 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Préface

Poésie Noire (si on veut)

 

Avertissement : Ce livre ne s'adresse à personne de mon entourage, personne qui a vieilli plus vite que son temps et qui se considère comme quelqu'un de bien. Je n'ai aucunement besoin de vos jugements, gardez-les pour vous !

Alors que Roland Michel en était au désespoir absolu à son retour au Canada après l'Europe, n'ayant ni emploi, ni études en cours, ni de vie affective et amoureuse, sans endroit où demeurer, après ses escales à Jonquière, New York et Toronto, il s'est mis à écrire le plus dur des recueils de poésie : L'Anarchiste. L'Anarchiste, commencé à New York, qui a pris forme à Toronto, qui a été continué à son retour à Londres, puis terminé alors qu'il avait emménagé à Bruxelles, a été curieusement le premier de ses écrits qui ait été publié en extraits, trois fois en ligne. Pourtant c'est le livre de la honte, celui qu'il a aisément camouflé et évité de parler de son existence. Pour peu cette poésie noire ne serait jamais sortie de la mémoire de son ordinateur portatif. Ordinateur détruit, personne n'aurait connu son existence.

Aujourd'hui l'auteur s'est suffisamment distancé de l'œuvre pour la faire paraître sur le site d'iDLivre. Vous pouvez aller lire, mais attention, ça vous explosera au visage et vous serez seuls responsables de la névrose qui s'ensuivra.

Poésie noire, si l'on peut définir L'Anarchiste ainsi. Livre à scandale, comique par endroit, qui reprend le discours traditionnel du No Future sans sombrer toutefois dans la platitude.

Peut-on encore allumer les masses ? Peut-on encore motiver une génération à accomplir quelque chose de concret ? Peut-on encore scandaliser un peuple et fabriquer une légende ? S'il faut décrire une génération, il ne faut pas y aller par quatre chemins, il faut viser juste. Ce qui est anarchique en fait n'est peut-être que la réalité commune à tous. Sinon, c'est là où l'anarchie commence.

- 3 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

L'Âme collective décomposée

 

Pervers animal qui connaît tout de l'univers du sexe

Je t'ai bien pénétré, je me souviens

Cela fait de moi un pervers également

Ne sommes-nous pas heureux ensemble

Dans les bas-fonds, à se débattre

Pour arriver nulle part

C'est beau la vie lorsqu'il n'y a que la perversité

Pour nous guider vers les hautes sphères de ce monde

Car par toi et par eux j'atteins de front la conscience humaine

Qu'elle observe, qu'elle se reconnaisse, qu'elle meurt avec nous

L'âme collective est aussi pourrie que notre âme

Car nous en sommes le produit

- 4 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Ni Foi Ni Espoir

 

Ah, il faut vider mon cœur

De toute la pourriture qu'il contient

Je suis loin de la plénitude et de la paix intérieure

Je souhaite mourir autant que tuer

Aucune lumière à l'horizon

Pourtant je connais les philosophies mystiques

Je sais comment atteindre la spiritualité

Découvrir Dieu

Mais c'est tout intellectuel

Rien ne vient du coeur

Je suis incapable d'amour

Mais capable de mort

Ma sensibilité ne sert de rien

La violence de mes idées détruit l'humanité

Ni foi ni espoir

- 5 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je suis corrompu

 

Je suis corrompu

Autant que vous auriez pu le souhaiter

Je suis corrompu jusqu'à l'os

Atteint d'une maladie incurable

Qui me flotte dans le cerveau

Qui me ronge les os et m'offre des doutes

Des peines et des misères

J'avance avec le poids de ma culpabilité

Sur les routes parsemées d'Églises

Distinguant enfin le bien et le mal, en faisant le mal

Ils m'ont eu

Mes idées ne m'appartiennent plus

Je suis tombé dans leur filet

J'ai écouté, j'ai assimilé, j'ai avalé

Je suis atteint de cette maladie incurable

Que l'on nomme Dieu

- 6 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

N'être rien

 

Je suis un éclatement de lieux

Une multitude de temps différents

J'existe en plusieurs versions

J'avance sur l'un et l'autre chemin, je crois pourtant suivre une destinée

Mais elle me fait tant souffrir

Avoir la conscience de suivre un chemin tracé et le vivre trop intensément

Je tente de tout accepter, de ces épreuves

Alors que je pourrais aisément me les épargner

Je suis un éclatement de lieux

Une multitude de temps différents

Je poursuis une quantité de possibles

J'avance sur l'un et l'autre chemin, je suis ma destinée

Elle me fait tant souffrir

Mais j'apprends à connaître la vie

Et j'apprends à connaître la vie d'autrui

Elle ressemble à la mienne

Je suis un éclatement de lieux

Une multitude de temps différents

J'ai pourtant l'impression de n'être rien

Sale et laid, vide et sans valeur

Comment un tel amas de viande peut-il suivre une destinée ?

- 7 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Allons à la messe ce dimanche !

 

Je suis entré à l'église ce dimanche

J'avais un Prions en l'église dernière édition

J'ai embrassé la foule, accomplissant ma destinée

Rendant service à ceux qui avaient besoin d'amour

Le curé souriait à pleines dents, il jouissait de cette messe joyeuse

Il m'a remercié et m'a absous de mes péchés

Absolution, rien n'est si grave que Dieu ne pardonne

Je suis entré à l'église ce dimanche

J'avais un fusil dernier modèle

J'ai tiré sur la foule, accomplissant ma destinée

Rendant service à ceux qui ne voyaient plus clair

Le curé souriait à pleines dents, il jouissait de cette messe mortuaire

Il m'a remercié et m'a absous de mes péchés

Absolution, rien n'est si grave que Dieu ne pardonne

- 8 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Vos enfants, tous des cruches vides

(et des maniaques du cul !)

 

 

Je les ai vus, hyperactifs et malveillants

Cerveau complètement vide, jouissant dans leur ignorance

Tout comme moi, légumes de l'univers

À apprendre des stupidités pour tenter de remplir les cruches

Mais elles sont toutes fêlées, les têtes d'eau se vident sur les planchers,

à défaut de pouvoir passer aux actes et remettre en question l'autorité

Il n'y en a pas un qui ne rêve de s'envoler par la fenêtre

Ou de faire l'amour à la personne à côté

La majorité est déjà sur la drogue

Et ces cruches vides, pour l'amour du ciel, vous les voulez haut placées

Vous les aurez vos cruches vides hautement placées et fêlées à la fois

N'empêche, vos enfants sont tous de cruches vides pour l'éternité

Comme la vie est belle lorsque enfin votre vérité sort de la bouche de vos enfants

- 9 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

L'Anarchiste

 

Je me sacrifie pour tout et chacun

Je m'avance et dis la vérité

Il faut transmettre l'expérience

Je raconte en détail ma perversité, mon immoralité

Entendez, on me crache dessus, on me piétine, je n'en ai plus rien à foutre

Je suis là, c'est aujourd'hui

Je n'ai pas comme vous une multitude de défenses qui entrent en action

Une multitude de faussetés pour justifier mes déboires

Cinquante-six moyens pour camoufler la vérité

La voici toute nue devant vous

Ouvrez les yeux et prenez-en leçon

Vous ne serez jamais mieux que moi

Vous ne vaudrez jamais plus que moi

Moi je confronte la vie

Moi je confronte la vérité

- 10 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Have a nice cup of tea, my dear

 

"Nous n'avons point besoin de tant de violence,

cette musique déchaînée, ces images osées"

"Quand tu seras plus vieux, tu changeras, tu comprendras j'espère"

"Il te reste deux possibilités : le droit ou la médecine"

"Il te faut au moins ce diplôme et ces acquis"

"Maintenant il te faut observer les autres et faire comme eux"

"Pourquoi ne le fais-tu pas ?"

"Où étais-tu cette nuit ? Ta vie est guidée par le sexe !"

"Tu ne touches pas aux drogues j'espère ? Sache que l'alcool c'est de la drogue"

"Tu n'as aucun concept de ce qui est bien et de ce qui est mal !"

"Il faut persévérer, ça viendra un jour"

"Have a nice cup of tea, my dear"

Et étouffe-toi avec !

- 11 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je vais vous dire ce qui est normal moi

 

C'est la vérité telle que vous ne la connaîtrez jamais

C'est les infidélités en série autant chez les femmes que chez les hommes

C'est un dégoût de la vie si marqué qu'il faut une pharmacie pleine de

médicaments pour s'en sortir

C'est les séparations, les divorces, les dépressions, les avortements

C'est les amours éphémères avec le cul au premier plan

C'est une bonne bouteille de Scotch ou de Cognac

C'est un paquet de cigarettes avec un beau gros cancer qui nous ronge les tripes

C'est la mort inexpliquée au coin de la rue pour mille et une raisons

C'est une lutte pour le pouvoir et l'argent que personne ne remportera

en bout de ligne

C'est une bitch supérieure dans la hiérarchie sociale qui pense tout savoir et

qui te fait une morale infernale

C'est la prostituée qui vient de se faire sauter par un homme d'affaires et

qui se meurt d'une surdose de coke

C'est un groupement de névrosés qui se rencontrent pour amplifier leur mal

C'est le pape qui raconte tout le contraire de ce qu'il pense au nom d'on ne sait quoi

C'est un pays qui appartient à quelques riches compagnies

C'est des vies qui appartiennent à des banques

C'est l'hypocrisie omniprésente

C'est l'esclavage institutionnalisé

C'est la corruption politique à tous les niveaux

C'est Dieu mort et enterré

- 12 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

J'ai fait l'amour à la salope de la ville

 

Resplendissante dans sa belle robe aux couleurs criardes

Ses seins poussés aux hormones

Sa perruque de cheveux s'étalant sur au moins un demi-mètre au-dessus de la tête

Certes, elle était belle ma salope

Elle chantait pour fêter la Saint-Patrick

Elle comptait ses ex-copains dans le bar, elle en avait beaucoup trop

Je l'ai prise tout entière dans ma chambre d'hôtel

On croyait que j'avais ramassé une pute, et encore, pas n'importe laquelle

Moi je l'ai embrassée, l'ai sucée, l'ai pénétrée jusqu'à

lui faire sortir les tripes à ma salope

Elle a été docile comme une chienne en chaleur qui en redemande, ma salope

J'aurais dû lui arracher la perruque à ma salope

Lui dégonfler les seins à l'hélium à ma salope

Lui déchirer la robe et le derrière à ma salope

J'aurais dû l'achever de plaisir ma salope

Cette nuit j'ai fait l'amour à la salope de la ville

Et je me sens libéré

- 13 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Mais c'est commun ici à New York

 

Je n'étais pas sitôt débarqué dans la grande ville américaine que déjà nous faisions

l'amour dans un taxi

"Mais c'est commun ici à New York"

Puis nous sommes sortis où ça a tourné en orgie, tout le monde qui jouissait autour

"Mais c'est commun ici à New York"

Puis nous avons rencontré un chirurgien-médecin de soixante-dix ans qui

nous a offert de faire l'amour à trois

"Mais c'est commun ici à New York"

Puis j'ai rencontré la centaine de personnes avec qui tu as couché depuis un an

"Mais c'est commun ici à New York"

Puis j'ai vu tes soixante cartes de crédit aux plafonds explosés

"Mais c'est commun ici à New York"

Pour toi j'ai travaillé dans un restaurant de la

maffia où les rats et les bestioles pullulaient

"Mais c'est commun ici à New York"

J'ai rencontré ton ami psychiatre, il m'a prescrit des pilules étonnantes

"Mais c'est commun ici à New York"

Avec toi j'ai attrapé plusieurs maladies transmissibles sexuellement

"Mais c'est commun ici à New York"

Je t'ai même sauvé d'une tentative de suicide aux drogues alors

que tu crachais du sang

"Mais c'est commun ici à New York"

Pour toutes ces choses, je t'aime

"Ah bien ça ce n'est pas commun à New York"

- 14 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Bois ton whisky, ma vieille, tu seras sauvée !

 

Chaque jour que le bon Dieu apporte, je me lève et vais au magasin des vins

J'achète deux dix onces de whisky à ma vieille cancéreuse

Elle en a pour trois mois à vivre qu'on me dit, alors je lui dis :

Bois ton whisky, ma vieille, tu seras sauvée !

Faut dire que ça fait cinq ans qu'elle n'en a que pour trois mois

Ainsi le whisky l'a maintenue en vie

Alors, chaque jour que le bon Dieu apporte, je me lève et vais au magasin des vins

J'achète deux dix onces de whisky à ma vieille cancéreuse et je lui dis :

Bois ton whisky, ma vieille, tu seras sauvée !

Et comme elle sait que c'est Dieu qui m'envoie, elle me remercie mille fois

Elle prend le premier verre dilué dans l'eau, mais ensuite elle le boit pur

Le lendemain on la retrouve saoule morte, l'infirmière ramasse les bouteilles vides

Elle fait sa prière, mais remarque que c'est plus efficace que la morphine

Alors, chaque jour que le bon Dieu apporte, je me lève et vais au magasin des vins

J'achète deux dix onces de whisky à ma cancéreuse et je lui dis :

Bois ton whisky, ma vieille, tu seras sauvée !

- 15 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Nous ne sommes pas une génération perdue

 

Je t'observais du fond du bar, tu m'as fait pitié

Avec un manque de personnalité flagrant, tu t'accrochais aux autres

Perdu, nouveau de ce monde, tu marches en te demandant si tu en as le droit

Mais voyons, pour l'amour du ciel, lève-toi et marche !

Cesse de respirer à même l'air des autres

Puise ton énergie à même ce qui t'entoure

Prends ta place et sois un bâtisseur de ce monde

Nous ne sommes pas une génération perdue

Nous sommes une génération qui se retrouve devant des constructions désuètes

Alors ce n'est pas le temps de s'atterrer, c'est le temps de détruire et de reconstruire

Motivation, destruction, inspiration, construction

Allons mon garçon, on va faire un homme de toi

- 16 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

L'Alchimiste

 

Moi, un anarchiste ?

Mais pas du tout mon ami, tu te trompes

Je suis un alchimiste, c'est tout différent

Je transforme le coeur pourri des gens en quelque chose de potable

Du capitalisme et du communisme à autre chose encore non inventé

De l'amour artificiel à autre chose encore non inventé

Des valeurs morales obligées à quelque chose encore non inventé

De la race humaine à quelque chose encore non inventé

Sublimation de tout à autre chose

Plutôt que destruction systématique de tout

Ce n'est pas peu dire

L'anarchie existe, est nécessaire au changement, mais ne dure jamais très longtemps

Tout de suite on s'entre-tue et quelqu'un prend le contrôle

L'anarchie ne suffit donc pas, il faut l'alchimie

Voilà pourquoi je suis un alchimiste

- 17 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Hell Help

 

Sans enfer, il n'y a pas de ciel

Sans diable, il n'y a pas de dieu

Sans médiocrité, il n'y a pas d'excellence

Sans mort, il n'y a pas de vie

Sans noirceur, il n'y a pas de clarté

Sans malheur, il n'y a pas de bonheur

Sans immoralité, il n'y a pas de moralité

Sans mortalité, il n'y a pas d'immortalité

Sans perversité, il n'y a pas de pureté

Sans mal, il n'y a pas de bien

Ainsi le mal est essentiel

Vive le mal !

- 18 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je frappe et je tue

 

Dans un univers de compétition, j'ai bien appris ma leçon

Ôte-toi de mon chemin, truite, où tu y passeras comme tous les autres

On pourra me juger, me détruire, me censurer

C'est pourtant sur votre conscience

Profiter de la conjoncture, frapper, tuer, prendre la place de l'autre

Même que vous en jouissez, on appelle ça monter les échelons de la hiérarchie sociale

On y arrive avec beaucoup de motivation,

mais surtout avec un bon coup de pied au cul

Les meilleurs assassins sont ceux qui arrivent au sommet

Pape, roi, président, premier ministre, ministre

Ça roule en voitures luxueuses lorsque ça n'a pas son jet privé

D'autres petits rusés ont brassé beaucoup de merde pour arriver là où ils sont

On les retrouve à la tête de toutes les compagnies, les organisations,

les institutions financières et scolaires

Nous n'arrivons jamais au sommet par hasard, l'honnêteté nous tuerait

Partout je copie le modèle social

Je frappe et je tue

- 19 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Près de Buckingham Palace

 

L'autre jour, près de Buckingham Palace,

je me promenais en parfait touriste innocent

Je regardais les fleurs, bien qu'il faisait noir,

ignorant que la reine pouvait m'apercevoir de sa fenêtre royale

J'avais une arme, pour mon malheur,

mais il faut pouvoir se défendre contre tout, même contre la reine

On a braqué les fusils sur moi, partout j'ai entendu les déclics

Je continuais à observer les fleurs, pleinement conscient de la menace

Les lumières se sont allumées, les haut-parleurs se sont mis à crier

Perplexe et paniqué, j'ai sorti mon arme, la leur montrant en pleine lumière

Ils ont tous reculé, les déclics se sont à nouveau fait entendre

(les premiers n'étant que l'avertissement)

Ils ont regardé mon arme : un appareil photo de touriste innocent

— Je regardais les fleurs, bande d'imbéciles !

- 20 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Flush tout ça dans les toilettes

 

Hier, n'ayant plus rien à manger ni endroit où aller,

je me suis mis en quête d'un emploi

J'ai trouvé les trois plus grands édifices de la ville dépassant les cinquante étages

Sur le premier c'était écrit Banque de quelque chose

— Bonjour monsieur, ayant vu l'incroyable bâtiment et

les milliers d'emplois que vous avez, je suis venu

"Mais mon garçon, c'est sérieux ici, on travaille fort"

— Ah ? Et que faites-vous ? J'ai faim et j'ai besoin d'un endroit où dormir

"Eh bien on s'occupe de gérer l'argent de tout le monde, on brasse l'économie"

— Ah ? Pouvez-vous m'expliquer ce que veut dire gérer l'argent et brasser

l'économie? Le peuple a-t-il vraiment besoin d'investir autant pour faire gérer son

argent et brasser son économie?

"À la porte ! crétin ignorant qui ne comprend rien à nos sociétés modernes !"

Le deuxième gigantesque édifice avait le nom de quelque chose Mutual Life

"Ici on vend des assurances, des caisses de retraite,

des bons du Trésor, des formalités multiples"

— Mais, c'est du vent que vous vendez ! Et vous facturez cher pour ce vent ?

"Comment du vent ? Insolant !

Tous les papiers que l'on vend sont légaux et essentiels !

Ils sont réglés par les meilleurs professionnels, ils sont donc onéreux !

Il y a 25 000 personnes qui travaillent dans cet édifice !"

— Quoi ? 25 000 professionnels payés grassement pour

remplir et classer des papiers ?

"Dehors jeune innocent encore non initié au vrai monde,

au grand monde sérieux de nos sociétés!"

Le troisième gigantesque édifice était rempli d'avocats à ras bord,

ça débordait par les fenêtres du haut

— Je voudrais un avocat tout de suite pour m'aider à comprendre mes droits et

mes libertés dans ces sociétés

"Combien d'argent as-tu mon jeune ami ?"

— Un dollar, voyez comme elle est belle la reine sur mon dollar...

"Dehors jeune effronté ! Il t'en faudrait 500 000 de ces dollars pour te payer un

avocat ! Et encore, à ce prix, ce serait un avocat pourri !"

Pauvre innocent que je suis, j'ai dû manquer le bateau

- 21 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Cesse de me vomir dessus

 

D'accord pour sortir avec toi

D'accord pour boire avec toi la moitié du bar

D'accord pour faire l'amour dangereusement avec

des objets divers jusqu'à se déchirer l'intérieur

D'accord pour échanger notre salive et nos

expirations jusqu'à s'étouffer dans notre CO2

Pas de problème pour se percer les organes génitaux avec des anneaux

Emmène-les tes instruments de tortures, tes fouets,

tes vêtements de cuirs et tes robes de mariées

Les drogues dures également, tu sais que je t'aime,

pour toi je ferais n'importe quoi, même mourir d'une surdose

Que tu me violes comme un animal, j'aime bien

Que tu m'endoctrines de religions noires sataniques avec

sacrifice animal, ça passe encore

Que tu me jettes à la rue pendant trois jours pour me reprendre ensuite, c'est OK

Je suis prêt à retourner dans ces endroits où l'on échange nos partenaires

Et écouter tes incroyables films pornographiques illégaux où

l'on voit les choses les plus inconcevables

L'enfer que tu m'offres, je l'accepte comme un paradis

Si tu veux encore que je te pisse dans la bouche et que je te chie sur le visage,

je suis ouvert à ces choses

Mais je t'en prie, cesse de me vomir dessus

- 22 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Dieu m'aime !

 

Vite vite je suis descendu dans les affres d'un club new-yorkais très noir

On m'a injecté quelque chose qui m'a ramené en surface tout aussitôt

Même plus haut qu'en surface, j'ai voyagé dans l'espace

Des anges me tournaient autour, ainsi qu'une quantité innombrable de Vierges Maries

Que je me sentais bien !

Plénitude absolue que seul un vrai spirituel peut atteindre

Je me suis retrouvé face à face avec Dieu

Dieu m'a dit :

Je t'aime !

Cela m'est venu comme une grande bouffée d'air frais, j'en suis demeuré sidéré

Après être revenu sur la terre,

j'ai pris l'avion pour aller voir mes amis et leur annoncer la bonne nouvelle :

Dieu m'aime !

Ils ont appelé la police et je me suis retrouvé dans un asile pour fous aliénés mentaux

pendant quelques jours

J'y ai subi une cure de désintoxication totale

(bien que l'on m'ait prescrit d'autres drogues)

Maintenant je vois clair :

Dieu ne m'aime pas !

- 23 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Ma vie est guidée par le sexe

 

...et le lendemain c'est la même chose

Que ce soit l'Underground jusqu'à Piccadilly

Circus ou le Subway jusqu'à Washington Square,

je n'ai qu'une seule destination : SOHO

Je m'en vais dans le village, j'entre dans un pub ou un club

Je sors mon anglais du dimanche, mes petits yeux pleureurs, mon visage innocent

et je regarde partout à la fois !

Et là ça défile dans tous les sens, tout bord tout côté, je dois apprendre à me contrôler

Puis soudainement quelqu'un me regarde, c'est le signal d'alarme

En moins d'une seconde me voilà à ses côtés :

Alors, vous habitez chez vos parents ? Vous êtes catholique ?

Non, non, que dis-je... :

You want to come to my place ?

Et là on fait l'amour comme les déchaînés du ciel

On s'embrasse partout, on se lèche, on se mange, on se masturbe, on crie, on jouit

Après on se repose, on ne se pose pas de question, on se quitte

Et le lendemain, c'est la même chose...

- 24 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Le pauvre petit

 

Il a de nouveaux souliers, le pauvre petit

Il habite chez ses parents, le pauvre petit

Il va à l'Université de Toronto, le pauvre petit

Il a une carrière devant lui, le pauvre petit

Il a déjà un bon emploi, le pauvre petit

Il épargne des milliers de dollars, le pauvre petit

Il va bientôt s'acheter une maison, le pauvre petit

Il a une belle petite blonde à ses pieds, le pauvre petit

Il aura des enfants, le pauvre petit

Il aura un condo en Floride, le pauvre petit

Il aura un bloc appartement dans le centre-ville de Toronto, le pauvre petit

Il sera riche, fortune amassée sur une longue période, le pauvre petit

Mais il sera malheureux, le pauvre petit

N'aura rien réalisé de ses rêves, le pauvre petit

À cinquante ans, il fera sa ménopause, le pauvre petit

Il ne se comprendra plus, il aura des regrets et des remords, le pauvre petit

Son passé sans histoire refera surface,

il y trouvera tout de même des choses à regretter, le pauvre petit

Il aura besoin d'aide et de drogues, le pauvre petit

Un cancer l'emportera, le pauvre petit

- 25 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Ma tête va exploser !

 

Ce matin, dans la prochaine heure, il faudrait que je fasse :

Mes rapports d'impôts

Un Curriculum Vitae et des demandes d'emploi

Des lettres à répondre, des factures à régler

Des communications importantes avec mes banques à propos de

mon crédit en souffrance

Trouver de l'argent et manger quelque chose

Trouver un logement, on me jettera à la rue dans deux jours

Trouver l'amour de ma vie, je suis désespéré

Ma tête va exploser !

En fait, ce que j'ai à faire ce matin c'est :

Vendre les quelques petites choses qui m'appartiennent

Me payer un billet d'avion pour n'importe où

Observer les choses qu'il me reste : rien

Me retrouver au point de départ

Ma tête va exploser !

En fait, ce que j'ai vraiment à faire ce matin est bien plus simple :

Dormir et ne jamais plus me réveiller

- 26 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

J'ai pissé sur la Sorbonne

 

Ça sonne aux cloches de la Sorbonne

C'est le jour où j'ai tout coulé mes cours

La journée où j'ai tout abandonné

Alors je me suis saoulé comme un sauté

J'ai bu du vin jusqu'à l'abus

J'ai brûlé tous mes papiers

Mes notes ont pris la porte

J'ai couru dans les rues

Saint-Germain, Saint-Michel

À la place de la Sorbonne, je suis devenu de glace

J'ai dézippé, j'ai pissé

Eh oui, je pisse sur la Sorbonne, mais ce n'est rien,

Il me faudrait chier sur cette Sorbonne

- 27 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je l'aime mon sugar daddy

Il me prend de ses mains tremblantes, il me demande un baiser

On s'installe sur le balcon, on observe Central Park

Il s'endort la tête sur mon ventre au gargouillement de ma digestion

Ô toi mon sugar daddy, où serais-je sans tes soins ?

Dans la rue, mon éternelle demeure

Tu me nourris, tu m'écoutes, tu m'apprécies

Tu vois en moi ce que personne d'autre ne voit

Je suis à tes yeux maître de toute chose

Le monde m'appartient, je n'ai qu'à tendre la main

Selon toi je suis intelligent, je suis beau, je fais partie de ce monde

Il m'observe les yeux comme il peut, il me demande de signer pour lui les factures

Je le conduis dans sa Mercedes où il veut, je l'accompagne aux concerts,

au théâtre, au restaurant cinq étoiles

Il a l'impression de ne jamais en faire suffisamment,

il souffre que je pourrais disparaître sans crier gare

Il me jure fidélité absolue, me tient compagnie à chaque minute de mon existence

Il me donne de l'affection, il partage celle de sa chatte avec moi

Il m'emmène à sa maison secondaire dans le Connecticut,

dans son condo à Fort Lauderdale

Son bar m'est ouvert, il m'accompagne dans les affres merveilleuses de l'alcool

Il me tient par le bras, je le soutiens dans sa peine

Il m'aime d'un amour sincère, je le lui rends bien

Il parle d'héritage, je ne veux rien entendre

Les maîtres d'hôtels sourient à notre arrivée, je ne vois rien

C'est en première classe que je voyage, moi qui jonchais les rues de la ville

Nous n'avons que des amis de qualité, des gens d'esprit élevé

Je l'aide à s'habiller, il m'aide à me déshabiller

Il aime me regarder dormir nu dans son lit, il veille sur moi

Il me lave, rien au monde ne peut lui faire plus plaisir,

il trouve que j'ai "une verge superbe"

Il sait me remercier à sa manière, il m'ouvre les portes de l'univers

Il est le seul à me considérer comme quelqu'un

J'adore m'endormir dans ses bras

Il est mon seul père

- 28 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Les vagins m'obsèdent

 

Je la vois venir de loin, je lui fais un grand sourire embarrassé

Elle insiste de ses yeux, je reste timide

Elle prend les devants, elle me paie un verre

Enfin on parle de mille et une choses, musique, poésie, flamme éternelle

Elle habite le W1, elle m'emmène dans sa BMW, elle m'ouvre même la portière

Elle m'invite au restaurant dans un hôtel sur Baker Street

Je suis le seul à entendre le pianiste exécuter Brahms comme musique de fond

Elle m'avoue ses succès, sa réussite sociale, sa richesse

Elle devient encore plus pressante, je deviens mal à l'aise

Et lorsqu'elle relève la jambe, le mal de ventre me prend

Enfin elle pose sa main sur moi, elle me demande de monter

Je monte, on s'installe, j'ai quelques verres dans le corps

Elle me déshabille lentement, jusque-là ça va

Elle met mon pénis dans sa bouche, jusqu'ici je respire encore

Elle entre son doigt dans mon derrière, le lèche ensuite, je suis très impressionné

Mais voilà qu'elle insiste pour que je lui enlève sa robe

Où sont les sorties de secours ?

Je lui enlève sa chemise, sa cravate, son veston et sa robe

La voilà nue devant moi, un gros morceau, son vagin au premier plan

Mon vieux, c'est le temps de courir !

- 29 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Ce que j'ai trouvé dans la Holy Bible de l'hôtel

(dans The new American Standard Bible version, placée par The Gideons)

 

 

Taxi cab drivers are happy today

They make lots of money off the hookers and rock stars and people on welfare

Fuck politics and fuck you all

You better be real fast to keep up with me ass hole

I must love a woman in order to enjoy making love with her

Can we have sex after Church up in your apartment

I will tell you all my business

I had the biggest you know what

And I just wanted to fuck you all, you lovely ladies

I want you to know that I miss your smiles

Have a nice day

So what fuck head

I can beat you all up you know

I can punch you real hard and one shot can drop you flat on the ground,

if you get too close or say something to me I don't like

You're all a bunch of fools, and I laugh to you all

- 30 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je suis votre leader

 

Je suis à la tête d'un nouveau mouvement anarchique

Qui prône l'avènement d'un nouveau Christ

C'est-à-dire moi

Je rassemble les humains écœurés de la vie

Ceux qui ne peuvent plus rien supporter de cet amoncellement de lois et de règles

Qui ne veulent plus rien entendre de ce qu'il faut faire ou ne pas faire

Qui en ont assez de vivre selon les préceptes des autres

Je suis votre leader

Par moi on leur fera entendre raison

On détruira leur façon de penser et de gérer

On repensera le monde

Je suis venu au monde pour désencrasser le système capitaliste

Je suis venu au monde pour tout remettre en question

Vous allez nous entendre

Vous allez vous arrêter dans votre élan

Vous allez réfléchir sur ce que vous faites

Vous me donnerez raison

- 31 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je suis inatteignable

 

Qui suis-je ? Un nom à travers une liste infinie

Où suis-je ? Dans le West 9, 14ième arrondissement,

88th Street uptown, Church Street downtown

Que vis-je vraiment, que dis-je vraiment ?

Comment me joindre, me parler, me raconter ses problèmes ?

Comment s'asseoir avec moi pour entendre avant de me juger ?

Ne suis-je pas une sorte de machine perdue quelque part sur cette planète ?

Des mots sur une feuille, on sait ce que cela vaut

Je ne suis personne et à la fois je suis tout le monde

Je suis indéfini mais je marche avec vous tous les jours

Tournez la tête, vous me verrez

Je suis votre inconscience innée

Je vous dis ce que vous voulez entendre

Ce que vous voudriez vivre sans jamais vous l'avouer, surtout pas l'avouer aux autres

Peut-être ne rêvez-vous pas suffisamment,

pour ainsi ne rien accomplir qui puisse s'inscrire en un vrai bilan de vie passionnant

Pourriez-vous mourir aujourd'hui et dire : tout est accompli,

je peux mourir heureux, j'ai fait tout ce que je me proposais de faire,

que je désirais ardemment tout au fond de mon intérieur ?

Qui suis-je ? Où suis-je ?

Suis-je vraiment qui et où j'aurais toujours voulu être ?

- 32 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je suis un irresponsable

 

Je suis incapable de garder un emploi

Il m'est impossible de demeurer en place

Je suce le sang des gens jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien

Je trouve sans cesse le moyen de prendre l'avion

Je ne fous absolument rien de mes journées

Je cherche l'affection au coin de la rue

Je dépense entièrement tout l'argent qui a le malheur de se rendre dans mes poches

Je méprise tout le monde sans exception

Je méprise tout sans exception

La vie pour moi n'a aucune signification

Je célèbre la mort dans mes temps libres

Je bois de l'alcool comme on boit de l'eau

Je fume ce qui n'est pas permis dans certains pays

Je fais bien pire encore, mais je sais me taire lorsqu'il le faut

Je suis un irresponsable

Mais je vis à plein

- 33 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Mon mea-culpa

 

Faut-il payer pour nos erreurs ?

Peut-on se faire pardonner une vie de misère ?

Où faut-il s'adresser pour un remboursement,

Je voudrais retourner cette vie que je n'ai pas souvenir d'avoir demandée

Dans la mesure du possible, je l'ai perdue à tenter de la rendre vivable

Rien ne fonctionne, je vous le jure

Éternel malheureux de l'univers

Sans cesse je paye pour la moindre de mes actions

Me pardonnerez-vous l'enfer que j'ai fait de ma vie ?

Comprendrez-vous qu'il est mieux que l'enfer que vous me prépariez ?

Je suis né malade, gravement malade

Je ne suis en rien responsable de ma destinée

Je ne pouvais pas demeurer sagement chez moi

Rien n'aurait pu me maintenir en vie si j'avais dû travailler de 8 à 4 chaque jour

Entendez mon testament, pendant qu'il en est encore temps

Je vous lègue ma culpabilité d'exister

Enfoncez-vous-la dans le cul

- 34 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Ma dévolution, ma révolution

 

Plus j'avance, plus je m'enfonce

L'évolution de la race humaine doit suivre le même chemin

Une évolution inverse

Qui va dans le sens contraire de ce qu'elle devrait normalement aller

Mais attendez un peu

Dans quel sens faudrait-il aller afin de parler d'évolution ?

En bas, en haut, où est le bas, où est le haut ?

Ne doit-on pas s'enfoncer, tout ne nous dirige-t-il pas vers la mort ?

Une évolution inverse, si l'on peut s'exprimer ainsi, est tout de même une évolution

Une évolution implique quantité de choses, un savoir à acquérir

Des expériences personnelles inconnues de ceux qui les jugent mal

Je sais bien plus de choses, je vois beaucoup plus loin

Ne faut-il pas descendre dans les enfers pour acquérir sa sagesse ?

Ma dévolution, ma révolution

- 35 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je suis jetable après usage

 

Je ne suis pas consigné, même si la loi le prescrit

Je ne suis pas recyclable, la machine ne sait pas quoi faire de moi

Je suis bon à enterrer sur un terrain vague

À oublier loin de toute organisation sociale

Je n'ai su que m'y perdre dans ses bas-fonds de toute manière

J'ai cru pouvoir atteindre les sommets par la porte d'en arrière

Mais je les méprisais trop ces sommets

Je ne vaux rien, je ne suis rien

Je rejette systématiquement tout ce qui pourrait me donner une valeur

Tout ce qui pourrait faire de moi quelque chose

Aucune étiquette ne se digère en mon esprit

Je parle pourtant, mais on ne m'entend pas

On ne m'a jamais entendu

Comme on n'a jamais entendu personne

On n'a fait que m'observer de loin, interpréter de loin

Je suis au début de ma vie, j'en suis déjà au bilan

Aurais-je trop vécu en si peu de temps ?

Et de quoi sert de trop vivre, je n'en retire aucun gain

Parfois on me prend, on m'avale, on m'apprécie l'instant d'un moment

Puis on en a assez, on me recrache

Je ne vaux rien, je ne suis rien

La vie ne vaut pas la peine d'être vécue

- 36 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Pénétrez dans mon enfer

 

Venez, entrez, prenez part à mon enfer

J'y suis si bien, au chaud

Réconfortant lorsqu'il fait froid dehors comme dedans

Je n'ai plus rien à manger, désolé, c'est un des bonheurs de mon enfer

Ça me garde éveillé, parfaitement clairvoyant de la misère humaine

J'ai à boire cependant, ce soir c'est une bouteille de vin français :

La Vieille Ferme, Côtes du Ventoux

L'alcool est nécessaire à ma survie, davantage que la nourriture

Je sors ce soir, venez avec moi

Nous allons entendre un rythme déchaîné qui réveillera votre coeur

Qui le fera battre à sa juste vitesse pour vous transporter hors des murs de votre vie

Je vais rencontrer quelqu'un qui me fera découvrir son univers

Vous pourrez le partager aussi

Écouter la vie se débattre, les gens exister

Faire découvrir leur plus grande intimité à un parfait étranger

Car je suis un parfait étranger,

davantage pour ma famille que pour ces quelques-uns que je rencontre

Pénétrez dans mon enfer

Si vous arrivez à le comprendre, peut-être ce ne sera plus un enfer ?

Mais vous n'arriverez pas à le comprendre

Comme je n'arrive pas à vous comprendre

Faudrait-il pour cela que l'on tente de s'éliminer l'un l'autre ?

Une guerre ne se fait jamais sans perte de vie

Je n'ai rien à perdre, vous n'avez rien à gagner

S'il faut se battre, je me battrai

Si vous voulez la guerre, je la ferai

S'il faut vous tuer, je vous tuerai

Je n'ai rien à perdre, vous n'avez rien à gagner

Pénétrez dans mon enfer...

- 37 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Viens, je vais te faire découvrir le monde

 

Tu es si beau, tu es si jeune, tu n'es pas encore désabusé de la vie

Tu m'admires, tu penses que j'ai accompli tout ce que tu n'oseras jamais faire

Voici Church Street, The Woody's, Boots, John, George et Henry

Ce n'est pas si mal pour un commencement, mais allons plus au sud

Voici Greenwich Village, The Crow Bar, Splash, John, George et Henry

Prends une cigarette, prends une bière, on prendra un taxi pour rentrer

Voici Old Compton Street, The Village Soho, Popstarz, John, George et Henry

Fume ce joint, fais dissoudre ça dans ta bouche, snif ça, déshabille-toi

Voici le Marais, The Subway, The Queen, Jeannette, Georgette et Henriette

Voilà, maintenant tu connais le monde

N'espère pas trouver mieux que moi

Car partout tu ne rencontreras que John, George, Henry et quelques variantes

- 38 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Allons, que diable, j'ai une vie à vivre !

 

Je suis amorphe, une grosse boule de chair en peine de sa peau

Comme le reste du monde, je vais au ralenti

Je prends des siècles à accomplir le minimum

Je dors davantage que je ne vis

Ça me prend toute la motivation du monde pour sortir de mon lit

Aller chier est toute une aventure, il me faut une longue préparation psychologique

Sortir de l'édifice, prendre le métro, ah Dieu que c'est compliqué

Pour une tête aussi lourde que la mienne

Tellement qu'il lui faut trois cafés avant de se mettre à fonctionner le moindrement

Je suis amorphe, alors que je devrais être motivé

Exploser hors de cette chambre

Sortir et ne plus rentrer, jouir de la vie

Trouver toute la motivation possible

Être inspiré à jamais à vivre une vie remplie et excitante

Une passion qu'il me faut trouver au plus tôt

D'amorphe il me faut devenir fort

Plein d'énergie, fonctionnel, productif

Allons que diable, j'ai une vie à vivre !

- 39 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je suis passé au salon mortuaire

 

On célébrait la mort en grande pompe

Au nom de la dignité de la race humaine

Des Bouchard, des Tremblay, des Simard

Des Smiths, des Johnson, des Cohen

Des milliers de fleurs et des couronnes mortuaires qui sentent mauvais

Des urnes en or, des tombes incrustées de diamants

Des morts habillés en uniformes, cravates trop bien attachées pour éviter leur réveil

Et la musique, ah la belle musique du ciel qui nous ramène sur la terre

Sur les écriteaux, j'y ai certainement lu votre nom, et celui de tous mes ennemis

Jour des adieux momentanés, on se reverra à Dieu

"There is nothing positive we can say about death"

Faux, faux, faux !

La mort règle tous nos différends, tous nos problèmes

La mort rend futile le plus insipide de nos tracas

La mort est le seul remède à cette vie de misère

Seuls les vivants souffrent, les morts jouissent d'un repos trop bien mérité

Voilà pourquoi les survivants se sentent coupables de vivre

La mort est notre seule porte de sortie

La mort est notre seul objectif de vie à atteindre

La mort est notre seule finalité, notre seule destinée

Il n'y a que la mort qui existe

- 40 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

La crise existentielle

 

...mourir, mourir, mourir, mourir, mourir, mourir, mourir, mourir, mourir, mourir,

mourir, mourir...

D'accord, mais avant :

...vivre, vivre, vivre, vivre, vivre, vivre, vivre, vivre, vivre, vivre, vivre, vivre, vivre,

vivre, vivre, vivre...

Arrêtez avec votre bullshit, vos diplômes, vos reconnaissances,

votre réussite sociale, votre happiness

Tout cela n'est que du vent,

j'en ai pour preuve tous ces humains qui tournent à la cinquantaine

Ils sont malades et souffrent amèrement malgré toutes ces choses

qui étaient si importantes et qu'ils ont obtenues

N'avez-vous jamais entendu le cri de la liberté ?

Le cri du sentiment de la liberté,

freiné par toutes ces choses que vous jugez essentielles ?

Peut-être y trouvez-vous une raison d'exister ? moi pas

Alors, gardez votre crise existentielle pour vous

J'ai la mienne à vivre, elle me serait bien plus simple sans votre jugement

Il est bien plus difficile de ne rien posséder que de tout avoir et de ne manquer de rien

Respectez mes choix, laissez-moi partir sans me descendre

Aidez-moi à continuer sur ma route que vous jugez désespérée

Dieu vous en sera éternellement reconnaissant

Car vous aurez à payer pour avoir ainsi détruit mon sentiment de liberté

La seule chose qui est pourtant capable de me garder en vie

Dans trois jours je prends l'avion

Je m'en vais reconstruire le monde dans mes idées

Soyez heureux, j'entends encore ma raison

- 41 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

La bonne viande saignante

 

Je suis entré à la boucherie

J'ai ouvert le réfrigérateur

À l'intérieur j'ai rencontré l'amour de ma vie

Une vieille bourrique morte toute bleue, tête arrachée

Je me suis dépêché de la sortir de là

Je l'ai installée bien au chaud sur le bloc de travail

J'ai pris un grand couteau

Je lui ai ouvert les tripes

Peu à peu elle a repris sa couleur

Le sang s'est mis à gicler de partout

Mes glandes salivaires se sont mises en action,

la salive m'est montée, dégoulinant sur le plancher

Trois bons coups de couteau, je me suis coupé un bon morceau

Je l'ai lancé avec grâce dans le micro-onde

Que j'ai mis en marche à puissance maximale pendant une heure

J'ai dévoré l'amour de ma vie, le sourire fendu jusqu'aux oreilles

Moi je sais apprécier les bonnes choses de la vie

- 42 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

La viande entre les jambes d'une femme

 

Oui, on m'en a déjà parlé, je sais que ça existe

Paraît-il, ça a une couleur et une texture bizarres, une senteur aphrodisiaque

J'en ai longuement discuté avec des curés,

des agences de publicités et des hommes d'affaires

En des conversations hautement et purement intellectuelles

C'est un concept intéressant, un produit pouvant être mis en marché

Il faut se construire un plan d'action, éviter les embûches

Vendre assez cher, mais connaître ses consommateurs

C'est une bonne affaire de marketing, une industrie en or

Oui, je dois avouer que ça possède certaines qualités incontournables

- 43 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je ne poserai pas nu pour tes beaux yeux

 

Qu'as-tu à m'offrir ?

Une minable Ford qui s'étouffe à tous les coins de rue

(sans compter que j'ignore comment conduire à l'envers de tout le monde)

Une maison tellement sale qu'un chat y chierait partout croyant y reconnaître

sa litière

Une vieille chambre dans un grenier plein de vieilleries sans intérêts

Un matelas sur le plancher qui a fait la guerre d'avant les années 1900

Tes jeunes amis de 18 ans qui font des strip-tease dans les bars et qui se prostituent

Non, je ne coucherai pas avec eux devant toi (mais en privé, alors là...)

Comble de tout, tu voudrais que je pose nu pour toi

Tu jouirais à placer tous mes membres, me faire bander pour une meilleure prise,

puis faire de l'argent sur mon dos

Il en faut du culot, je vous jure !

- 44 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Môman, viens chercher ton fils

 

Dix-huit ans, bourré d'acné,

coincé comme dans un oeuf tout frais sorti du trou de la poule

Il me regardait de son air ébouriffé et timide

Dans sa face on pouvait lire le calvaire de son passé

Son accent du sud de la Tamise le rendait incompréhensible

Que faisait-il assis dans la voiture de ce vieux professeur de biologie à la retraite ?

À se faire emmener dans les bars du centre de Londres ?

Au début il évitait mes regards

Puis après quelques petites phrases réconfortantes,

il s'est offert à moi en entier pour l'éternité

Comme si je n'avais que cela à faire, régler tous ses problèmes psychologiques

Au niveau où il en est, il n'y a plus d'espoir, c'est une tête brûlée par l'abus

Après m'être assouvi, il ne me restait donc plus qu'une chose à lui dire :

Je ne suis pas ta mère, va voir ailleurs !

- 45 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

L'agace-pissette

 

Je te vois entrer, je t'installe à une table

Tu me fais de grands sourires, je te le rends bien

J'attends ta commande, je flirte, je suggère la table d'hôte aux multiples entrées

Je propose le vin français le plus cher, celui qui reste des décades dans nos caves

Tout au long du repas, je multiplie les allusions

Ramenant tout ce qui se rapporte à la cuisine au sexe

De la cuisson jusqu'au lit

Au dessert je m'offre en entier, je me gratte la mauvaise place en face de toi

Je ramasse les assiettes tout à côté de toi, frôlant tes oreilles avec les restes

Et lorsque je dépose vaguement la facture,

j'attire ton attention sur ma vie sexuelle mouvementée

Et lorsque je prends mon pourboire, je dis : Merci monsieur, à la prochaine

Puis je disparais dans les cuisines jusqu'à ta sortie

Je réapparais lorsqu'un autre entre et qu'il commence avec ses grands sourires

Alors je le lui rends bien et je l'installe à une table...

- 46 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

À mort, les touristes !

 

Ils s'amoncellent comme des taupes qui n'ont jamais rien vu

Ils prennent des photos et filment tout sans même apprécier avec leurs yeux

Ils achètent quantité de cochonneries inutiles qu'ils peuvent trouver au coin

de la rue dans leur pays

Ils remplissent les métropolitains et les rues, ils débordent par les égouts

Ils fourmillent sans grand intérêt là où leur petit guide touristique leur dit d'aller

Ils sont tous mal habillés, sont très laids et puent à cent mille tant ils marchent

nulle part toute la journée

Ils sont incompréhensibles dans toutes ces langues que personne ne parle sauf eux

Ils sont sans cesse mêlés et perdus, il faudrait leur montrer où aller :

The Tower of London, là où on décapitait les touristes du temps

Rendus à la maison, ils seront tous fiers de montrer leurs souvenirs et pire :

leurs albums de photos

Bref, il n'y a rien de pire dans le monde qu'un touriste

tout frais débarqué de nulle part

- 47 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Tu veux le faire à cinq ?

 

Oui, tes amis sont intéressants, mais euh, oui, bon...

Déjà que demain nous le ferons à trois avec ton copain, tu sais...

Oui, le repas était très bon, le vin français et le Champagne

Le film aussi, il a permis de remplir les vides

Les cigarettes et le hasch, euh oui, bien sûr

Eh puis quoi encore, tu m'embrasses dans tous les coins

Ton copain me regarde comme une vache en chaleur

Tes amis sont corrects, ta BMW également

Je t'admire pour ta réussite, ta maison gigantesque dans le sud de Londres

Ton incroyable corps malgré tes 37 ans

Et tout ce que tu représentes à mes yeux

Mais le faire à cinq, c'est impossible

Je suis encore jeune tu sais

Ces expériences sont terribles pour mon développement personnel

Parfois je me surprends même que ton copain

permette que je sois ici et que je couche avec toi

Il doit en faire des choses de son côté pour s'en foutre à ce point

Peut-être n'aime-t-il que sa sécurité et sa stabilité avec toi ?

Moi, ce ne serait pas des critères qui me garderaient avec toi

Même que ça me fait fuir, j'ai un peu honte de moi en fait

Bref, on se reverra peut-être un jour...

- 48 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Emmène-moi voir l'Irlande

 

Laisse ce crétin, je suis de loin plus beau et plus gentil... et plus jeune

Prends congé cette semaine, tu es assez riche pour te le permettre

Je laisse mon emploi, tu pourras m'entretenir

Prenons ta voiture, roulons de par les monts voir les champs verts emplirent

le vieux pays

Prenons le bateau pour aller visiter les vaux de l'Irlande

Achetons une tente, faisons l'amour à la belle étoile

Prends-moi dans tes bras, sers très fort

C'est la magie de l'agir, créer les moments inoubliables

Pour cela je pourrais t'être reconnaissant éternellement, t'aimer à ta juste valeur

Je regarderai tes yeux se confondre avec l'espace entre les étoiles

L'ombre de ton vieux corps se fondre sur la forêt

C'est presque l'été, partout on peut sentir une renaissance absolue

Pour toi j'oublierai mon passé, j'oublierai le futur

Je passerai ma main dans tes cheveux avant de t'embrasser

Nous serons les plus heureux du monde, l'instant d'un moment

Nous serons les seuls à savourer la vie

Mais pour cela, tu dois tout abandonner et m'emmener

- 49 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je flotte dans l'espace

 

Sans même que ce ne soit chimique, la musique a aussi ce pouvoir

Je sors dans la rue, j'enfonce le bouton

La musique me soulève de terre

Je vois tout d'un oeil différent

Je vois toutes ces petites maisons alignées

Une énergie incroyable en sort pour me transporter au-delà de tout

J'atteins la rue principale, c'est un univers que je connais à peine

Le rythme et l'air de l'été me font tout oublier

J'ai cette incroyable envie de vivre, d'exploser

De ma main, je prendrais tout pour l'avaler,

pour que tout cela devienne une partie de moi

Que je m'y confonde entièrement pour former l'unité

J'atteins la Northern Line, Clapham South station

Et je m'envole dans l'espace souterrain de la ville

Pour vivre encore une fois quelque chose d'inusité

- 50 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Si je ne bande pas, est-ce de ma faute ?

 

On n'a pas idée d'être aussi froid

D'abord très bête et sans intérêt, puis soudainement amoureux

Aucune communication, arrangements pris par un tiers

Toute la journée me tourmenter sans rien à dire à propos de ce qui se passerait le soir

Oublier le repas aux chandelles, le romantisme et les fleurs

Y avait-il un désir ? Qu'as-tu fait pour allumer la flamme ?

Du cul pour du cul, sans chaleur humaine

Alors il aurait fallu tout noyer dans l'alcool

J'ai fait mon possible dans le contexte, trois cigarettes avant d'aller au lit, sans effet

Deux personnes dans mon lit à la fois, je ne me reconnais plus

Mais si la personne qui m'intéresse décide de nous laisser tous les deux...

Eh puis si je ne reconnais en toi que la première image que tu m'as laissée de toi,

comment veux-tu que je bande ?

Ramène-moi la troisième personne, on y arrivera peut-être

Tu l'as ramenée, nous y sommes arrivés, mais à quel prix ?

Tu crois que tu ne m'excites pas

Tu crois que seul l'amour de ta vie me fait bander

J'ai créé la jalousie généralisée dans ton couple

Détruire, là ma passion

Tu es la seule personne avec qui je ne bande pas

Ce n'est pas ma faute, ni celle des drogues !

- 51 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Fuir, fuir, fuir !

 

Partir pour n'importe où

Londres, Paris, New York, Toronto

Lorsque tout va mal

Lorsque le peuple ne se comprend plus

Lorsque tu me regardes de travers, commence à regarder à droite et à gauche

Lorsque tes parents me font croire que je me suis trompé de numéro pour que

je ne puisse t'atteindre

Lorsque ma vie sociale est une véritable faillite, que mes études ont pris le bord

Lorsque la honte, la culpabilité et même la nostalgie me tuent

Arrosons le tout de whisky, Canadian Club, faisons notre signe de croix

Fuir, fuir, fuir !

Aussitôt que l'on me reproche quoi que ce soit

Que l'on me considère comme un moins que rien (ce qui est tout à fait vrai)

Que l'on me prend pour un con et que l'on m'exploite aller-retour

Que l'on abuse de moi tant que l'on veut et peut, même dans la légalité

Vous pouvez me marcher dessus, me cracher au visage, m'achever

Il me restera toujours la fuite

Fuir, fuir, fuir !

Dès que le cerveau ne répond plus au corps

Dès que mon quotient intellectuel monte d'un degré (c'est contre-nature)

Dès que je commence à faire des conneries, à parler seul, à pleurer dans le noir

Ma seule solution, un oubli absolu, un renouveau complet, une renaissance

Fuir, fuir, fuir !

- 52 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je vais me tirer une balle

 

Je voudrais le faire sans causer de torts ou de peine

Je suis déjà un oublié des miens,

comment pourraient-ils ressentir le coup à ma place ?

Je voudrais être certain que l'on ne me retrouvera jamais

M'épargner les funérailles, le feu et l'urne

Sauter dans les airs, ne plus redescendre

M'enfoncer dans le sol, ne plus revenir à l'air libre

Couler au fond de l'eau, ne jamais revenir en surface

Parcourir l'espace infini sans jamais arriver quelque part

Devenir néant de façon absolue,

sans aucun reste dans les réfrigérateurs ou ailleurs

Tout consumer ce que j'ai touché, même les cendres de tout cela

Sublimation en énergie qui ira se perdre dans les astres

Il faut m'empêcher de penser, m'achever pour vrai, pas à moitié

Arrêter les tourments et les délires

Il faut faire sauter cette mémoire universelle

Capable de garder un quelconque souvenir de mon passage sur terre

Je n'ai aucune pitié pour personne, certainement pas pour moi

Pardonnez-moi ! je ne voulais que vivre !

Mais vivre, c'est impossible...

- 53 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Les fleurs, ça sent le Christ en décomposition !

 

Tu attendais patiemment l'heure où tu terminerais ta journée de

travail plate à mourir

Tu marchais rapidement vers n'importe où où je pourrais être

J'étais avec quelqu'un d'autre, mais j'allais me libérer pour toi

Croyant sans doute que j'étais français,

Tu as acheté du vin rouge, du pain baguette, des fromages bleus bizarres qui puent

Misérable truite, je n'ai rien à voir avec la France

La France me rejette, illégal pour moi d'y habiter

You see ? I speak English now and I'm proud of it!

D'où je viens ? de nulle part

Tu as continué ta route,

emportant tout ce qu'il y avait de romantique sur ton chemin

Tu te demandais comment améliorer ton comportement,

ton tempérament, tes manières

Parler d'amour, d'amitié complexe,

de commencement de relation peut-être amoureuse, de fidélité

Tu comprends bien que j'ai figé sur place

Tu n'as même pas eu à mentionner le mariage et les arrangements du divorce

Aussi, lorsque tu m'as sorti tes fleurs qui sentent le Christ décomposé,

alors là c'était trop

Allez, remballe tout ton stock et disparais de ma vie

- 54 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

You're so sweet !

 

Lorsque je t'ai embrassé dans le cou la première fois, c'est ce que tu as dit

Puis je t'ai pris dans mes bras, tu m'as avoué que j'étais bien, sweet et tout

Mais tu m'as rejeté : You're so sweet, but...

N'empêche, le lendemain tu m'as connu davantage, on a parlé d'où tu viens, Seattle

Tu as vu un être sensible, qui porte son âme sur son épaule

(vieille expression anglaise vieillie)

Une âme si pure et si sweet que personne qui lirait ses lignes

ne comprendrait ce paradoxe

Le soir venu tu as allumé les chandelles,

mis la musique classique clichée que tout le monde connaît

À peine si j'étais habillé, je jouais l'être innocent et naïf qui ignore l'effet qu'il cause

Je suis descendu un instant, je suis remonté pour une cigarette

Tu t'étais habillé drôlement pour la nuit, très excitant

J'ai passé près de te sauter dessus et te violer sur place

Je me suis arrêté, pour m'assurer de pouvoir te revoir plus d'une fois

Puis lorsque tu m'as jeté dehors,

tu as eu le malheur de vouloir me donner un dernier baiser pour la nuit

Tout de suite j'ai bandé et déjà on ne s'appartenait plus

Tu m'as demandé d'éteindre les chandelles pour cacher ton vieux corps

Tu as joui comme quelqu'un qui redécouvre la joie de vivre,

les bonheurs de l'existence

Tu m'as transmis plus d'énergie et de chaleur que jamais je n'aurais cru possible

Tu m'as avoué que ton blocage psychologique, c'était la différence d'âge

(mais non, je suis majeur, tu n'iras pas en prison, ne t'inquiète pas)

Mais tu n'as que trente et un ans

Et tu es capable de tant de tendresse et d'émerveillement

En fait, c'est toi qui est so sweet, et ça, c'est inoubliable

- 55 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je vis dans les extrêmes

 

Comme dans chaque chose qui compose ce monde, il n'y a pas de juste milieu

Tout va très bien ou tout va très mal

Moi je réponds par l'extrême

Ou bien je jouis à plein jusqu'à en crever de bonheur

(parfois juste à voir un escargot se promener)

Ou bien je veux mourir noyé dans l'alcool

(parfois juste à voir un escargot écrasé mort sur le bord du chemin)

Moi je vous décroche la lune ou je vous enterre après vous avoir décapité

Je suis à la diète complète, ou je mange comme un porc jusqu'à ce que ça pète

Je m'amuse sur les bords de la falaise,

mais parfois j'ai besoin d'une pièce sombre fermée hermétiquement

J'aime à la folie, ou je rejette violemment

J'insulte et je perds tous mes amis, ou je leur lance trop de fleurs,

tant qu'ils ne peuvent l'endurer

J'accomplis une action avec toute mon attention vingt-quatre heures sur

vingt-quatre, ou je ne fais rien du tout

Je voudrais sauver l'humanité entière,

mais parfois j'exterminerais toute vie de cette planète

Je suis un extrémiste

Comme dans chaque chose qui compose ce monde, il n'y a pas de juste milieu

Tout va très bien ou tout va très mal

- 56 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Go fuck yourself, you ass hole

 

Alors, tu tournes dans ton petit univers misérable

Une planche à repasser, pas de lavage possible avant 23h

Pas de senteur de bouffe allouée ni de merde dans les toilettes en ta présence

Encore heureux que tu sortes tous les soirs

Essayant ardemment de ramasser quelqu'un pour embrasser ton gros cul

J'y mettrais le nez et je sais qu'il ne sentirait rien

Car ce n'est pas de la merde que tu chies, mais bien des fleurs

Et ton obsession, c'est la vérité

Eh bien, la vérité, la voici :

Je ne t'aime pas, je te méprise même

Je t'ai trompé avec la planète entière dans ton lit trop bien fait

Je ne regrette rien de tout le mal que je t'ai fait

Tu peux ravaler ta prétention, elle ne te sied pas

Ton humour plat, garde-le pour ta mère

(seule une mère qui aime son fils peut rire un tel ramassis de conneries)

Qu'as-tu trouvé encore dans mes tiroirs pour pouvoir ensuite me prendre en défaut ?

Tu veux souffrir, alors souffre, ça me rempli de joie de te voir souffrir

Sache que, si la vérité ne faisait pas mal, on ne la cacherait pas

- 57 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Au cœur de Londres

 

Après ma deuxième journée à travailler douze heures en ligne,

j'ai pris le train jusqu'à Piccadilly Circus

J'ai remonté Regent Park jusqu'à Oxford Circus

Hanover Grand, Popstarz, Indie Music

Je suis arrivé à minuit trente

J'ai goûté la source de ce qui m'a maintenu en vie toutes ces années

J'ai observé la jeunesse anglaise en action se défouler

En plein centre de l'enfer où l'on boit, l'on fume et l'on drague

Après quelques bières et quelques cigarettes, les gens ne se comprenaient plus

Ils se laissaient aller comme des malades au rythme de la musique

Fous, ils chantaient et dansaient oubliant qu'il y aurait un lendemain assommant

J'ai ramassé quelqu'un de Liverpool,

on est monté en haut pour s'embrasser devant tout le monde

On a pris un taxi jusqu'à sa chambre sur Westbourne Park Road à Notting Hill

On a fait l'amour toute la nuit, on a crié comme des vierges qui se font dépuceler

Le lendemain je suis reparti très tôt, j'avais douze heures de travail à accomplir

Je suis peut-être un mort-vivant, mais je vis au cœur du mythe

- 58 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je ne peux pas t'endurer, mais je coucherais bien avec toi

 

Tu arrives le soir, tu te déshabilles presque entièrement

Tu prends une bière, tu ouvres la radio, tu regardes les images sur le téléviseur

La beauté se montre encore, malgré tes trente-cinq années toutes comptées

Tu me fais de l'oeil, tu te couches très tard en espérant quelque chose

Pourtant tu n'oses rien faire, de peur que je te rejette

Tu ne me dis rien de tes sentiments et tes désirs

Je ne connais rien de ton passé et de ta vraie personnalité

Peut-être as-tu souffert, peut-être souffres-tu ?

Tu aimes et respectes tes parents comme s'ils étaient des dieux

Tout le temps il faut que tu brises le charme, tu te mets à parler,

comme une machine impossible à arrêter

Ton sens de l'humour me tue,

je ne puis plus endurer ne serait-ce qu'une seule de tes blagues

Tu m'insultes sans cesse, me ridiculises à ta façon

Sans cesse j'ai l'impression que tu me reproches des choses

Tu n'as aucune délicatesse, rien de positif à offrir à qui que ce soit

En fait tu es un monstre impossible à vivre

Malgré tout j'aimerais bien me retrouver dans tes bras

- 59 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Tu as abusé de moi

 

Nous sommes sortis dans les pubs locaux

Tu m'as fait boire cinq ou six pintes de lager, et quoi d'autre...

J'étais saoul mort

J'ai dégueulé quatre fois (dans tes toilettes du moins)

Mon inconscience ne me permettait pas de me déshabiller, ni de t'arrêter

Alors tu en as profité

Tu m'as déshabillé

Tu m'as forcé à t'embrasser

Tu m'as fait faire des choses que je ne voulais pas

Tu as même été un peu violent

Tu t'es levé le lendemain en disant : Mon Dieu!

Me laissant toute la journée avec cette impression de vide absolu

De vie souillée et corrompue

Tu as fait de moi un misérable ver de terre

Puisses-tu l'emporter au paradis ?

- 60 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

T'es rien qu'une hostie de chienne

 

Tu passes à côté de moi en m'ignorant totalement

À tes yeux je ne vaux pas moins que rien

Tu crois que j'ai seize ans, je pense que tu en as bien quinze de plus que ton âge réel

Tu me fais faire la pire besogne pour ta propre satisfaction personnelle

Tu jouis à me faire chier, tu me ris au visage

Tu pompes tout le monde contre moi partout où tu vas

Tu sembles être dans ta période de menstruation 365 jours par année

Tu marches les cuisses serrées comme si tu craignais que tes tampons

pleins de sang s'écrasent sur le sol

Ton visage me donne de l'urticaire, je ne pourrais m'imaginer te faire l'amour

Tu ne fous rien de ta peau, tu as six couches de maquillage dans les yeux,

un vrai clown, une vraie putain

Tu es tellement sec, on jurerait que tu vas casser en morceaux

Dieu que je te déteste, je te battrais jusqu'à ce que tu n'aies plus aucune dent

Les dinosaures sont encore en vie, ils crachent même du feu,

je m'y suis brûlé à plusieurs reprises

Apportez-moi une hache que je bûche cette planche de bois !

T'es rien qu'une hostie de chienne

- 61 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je suis incompatible avec la vie

 

Je suis une contradiction de la nature dans tous les sens du terme

De A jusqu'à Z je pense différemment du reste du monde

Je suis convaincu qu'il n'y a pas de justice en ce monde

Même, je crois que rien ne justifie qu'il y ait une justice

Je suis bien impressionné lorsque je vois que l'on laisse les gens crever de faim

Très surpris que ces gens dans la misère ne se soulèvent pas contre

ceux qui mangent trop

L'ordre, on l'a imposé à tout le monde par la peur

Un contrat social qui a oublié que nous étions dans une jungle

Et que, dans la jungle, c'est la loi du plus fort qui l'emporte, le reste doit mourir

Mais les préceptes qui sont à la base de ces sociétés frôlent l'anarchie

C'est encore la loi du plus fort qui prévaut, mais à un autre niveau

Il faut se battre contre la vie, se battre contre la mort

S'imposer, imposer nos idées, nos désirs, nos besoins, nos lois, nos droits

Mais tout n'est que convention en ce monde

Il n'existe aucun droit, aucune liberté,

aucun besoin d'autrui que nous devrions combler

Rien n'est bien, rien n'est mal

À nous de s'adapter à la vie

- 62 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Il n'y a pas de nobles sentiments

 

Il n'y a pas de nobles sentiments

Il n'y a que des intérêts cachés

Même celui de gagner son ciel et d'aller au paradis

- 63 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Il n'y a rien de pire que les gens à principes

 

Il n'y a rien de pire que les gens à principes

Parce que leurs principes ne s'appliquent jamais à eux

Car, bien sûr, personne ne peut vivre à 100 % selon les meilleurs principes du monde

Ainsi ils échouent dans leur idéal de vie

On en souffre énormément

Et ils reviennent ensuite pour réguler notre vie

Selon des principes qu'eux-mêmes ne respectent pas

Ainsi ma vie est emprisonnée par ces principes

Principes qui changent d'une personne à une autre

Et je demande à voir si tout cela est bien justifié

D'où découle la source de ce qui devrait être et ce qui ne devrait pas être

La vie pourrait être bien plus simple

Sans tous ces futiles principes

- 64 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

The Policy of Truth

 

Doit-on cacher la vérité ?

Doit-on dire la vérité ?

Doit-on exiger la vérité d'autrui ?

Doit-on aider autrui à cacher la vérité ?

La vérité doit-elle devenir une obsession, une chose qui n'a pas de prix ?

On peut passer notre vie entière à chercher la vérité

On peut détruire le monde entier pour une simple recherche de la vérité

On peut perdre tous ses amis et toute sa famille pour la vérité

On peut rendre notre vie misérable pour ce simple besoin de connaître la vérité

On peut mentir et s'offrir un sentiment de culpabilité terrible à cacher la vérité

On peut souffrir dans des camps de concentration pour avoir dit la vérité

On peut détruire notre carrière et notre destinée si autrui connaît la vérité

Nous ne valons plus rien si les gens connaissent la moindre de nos vérités

La vérité d'autrui est sale au possible, vaut mieux ne pas trop la connaître

Toute vérité n'est pas bonne à dire

Toute vérité n'est pas bonne à connaître

Toute recherche de la vérité sera vaine

Toute tentative de cacher la vérité sera vaine

The Policy of Truth

- 65 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Va te laver !

 

Bon Dieu, tu pues comme ce n'est pas possible

Tu as plein de graines dans les yeux et les oreilles

Tes ongles longs tout noirs

Tes cheveux dépeignés et non lavés

Et ce gros bouton-là, squeeze-le et fais sortir le blanc et le sang

Rase-toi un peu

Tu as chié combien de fois dans les cinq derniers jours ?

On n'a pas idée d'inviter quelqu'un dans son lit quand on est aussi dégueulasse

Qu'est-ce que tu crois ?

Que tu es si désirable que cela importe peu ?

Eh bien, tu m'as écœuré à jamais

- 66 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Sexe ? Voici les contrats à signer...

 

Bonjour, vous êtes de la région ?

"Es-tu en train de me draguer ?"

Euh, bien, c'est que...

"Voici les formulaires d'inscriptions à remplir.

Je voudrais des références de tes parents, de tes amis, de ta banque,

de ton propriétaire s'il y a lieu, de ton patron s'il y a lieu..."

Eh bien, c'est que... je croyais plutôt que...

"Il me faut la date de ta naissance (ton signe du zodiaque),

l'heure que tu es né (pour ta carte du ciel),

ton nom, ton âge, ton expérience sexuelle en long et en large,

tes études, tes diplômes, ton expérience de travail, ta situation acquise,

la carrière que tu projettes, les chances que tu as de réussir..."

Est-ce bien nécessaire que tu saches tout cela pour...

"Il me faudrait un test médical précis, ton suivi par un médecin,

ce que ton psychologue pense réellement de ton cas mais ne te dit pas..."

Tu ne trouves pas que tu...

"Eh bien, écoute, j'ai ton numéro de téléphone,

si tu m'intéresses, je t'essaierai à temps partiel,

et si tout va bien, eh bien, je te prendrai peut-être à temps plein,

après signature des contrats inhérents à ce qu'implique cette relation à long

terme que tu projettes d'avoir avec moi..."

Comment une relation à long terme ? Tout ce que je veux c'est un one night stand !

- 67 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Arrête de dire que je suis un naughty boy !

 

Pour quelqu'un qui s'exhibe sur la piste de danse

Qui saute au plafond parce qu'il prend des speeds, ecstasy, coke

Qui vit dans un vrai dépotoir où il ramène chaque jour quelqu'un de différent

Qui parle un accent qui lui hypothèque tout avenir dans le Royaume-Uni

Qui a les dents cariées (mais charmant, ça ajoute au tableau)

Qui se fout de tout

Qui tombe assis par terre dans un coin avant la fin de la soirée

(s'il n'a pas pris de drogue)

Qui manque de se faire frapper par les autobus à deux étages

dans les rues londoniennes à 6h du matin

Qui se ramasse dans des endroits sombres la nuit pour satisfaire ses besoins

Qui s'est même fait battre à plusieurs reprises, emporté au poste de police,

tribunal, prison, casier judiciaire

Qui n'a plus aucune communication avec sa famille et ses amis

Qui travaille d'arrache-pied quelque part dans le sud

afin de se payer son calvaire quotidien

Et puis quoi encore ?

Après cela, as-tu vraiment le droit de dire que je suis un naughty boy ?

- 68 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Être Extrémiste

 

À Paris, lorsque les bombes sautaient à la station St-Michel,

je risquais la mort pour me rendre à la Sorbonne

Horreur, mourir à cause de la Sorbonne

À Londres, lorsque les bombes sautent, je risque ma vie pour me loger et me nourrir

C'est plus noble qu'à Paris

Je travaille à l'aéroport, là où les touristes sont

Juste où je me tiens, on a trouvé cinq bombes dans le plafond

Les journalistes ont été prévenus, les autorités ont été averties,

les dispositifs de sécurité ont fonctionné

Évacuation complète des touristes, ensuite des employés

(lorsque l'argent est serré et que tout est verrouillé)

Chaque jour je risque ma vie pour la bonne cause (il me faut manger)

Je n'ai point peur, au contraire

Être victime dans ce contexte me ravit

Mourir pour les bonnes raisons

Mourir s'il le faut au nom de ma destinée ou de la postérité

Pour que le monde sache ce qui se trame à notre insu

dans ces édifices gouvernementaux

Pour que le monde soit conscient de ce qui se passe dans ces villes éloignées

remplies de soldats et de tanks

Et pour quelles raisons cela se passe

Je comprends qu'il n'y a que par les extrêmes que l'on arrive

à comprendre certaines choses

Je comprends également que, parfois,

même les extrêmes ne suffisent pas à faire comprendre certaines choses

Je suis directement concerné par les conflits mondiaux,

au même titre que tous ceux qui passent à l'aéroport

La prochaine bombe ne manquera pas sa cible, j'y passerai, et vous aussi

- 69 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Les gros porcs fatigants

 

Les yeux croches, l'air stupide

Dix pouces de graisse de chaque côté

Pas de génie dans leur grosse cervelle molle

Ils sont accaparés par une multitude de détails sans rapport

Ils peuvent discourir trois heures sur la pluie et le beau temps

En plus ils se sont conditionnés à se prendre pour mieux que les autres

(autrement ils ne leur resteraient plus que le suicide)

Ils croient tout savoir sur tout et veulent tout te montrer pour se rendre intéressants

Ils sont désespérément seuls alors ils s'accrochent à leurs amis

comme à des bouées de sauvetage

Ils sont graisseux et dégoûtants, ils suent comme des porcs et sentent mauvais

Ils ont toute la misère du monde à monter dans une voiture

Ils déplacent énormément d'air, ils mangent l'espace autour d'eux

Parce qu'ils n'ont personne pour partager leur vie affective,

ils bouffent comme des défoncés pour l'oublier

Sans comprendre que c'est justement là la raison pour laquelle

ils sont de gros porcs fatigants

Débarrassez-moi d'eux ou il va y avoir du jambon fumé à manger ce soir !

- 70 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

À partir du moment où...

 

À partir du moment où...

Tu ne vaux plus rien et que c'est écrit dans le ciel

Que tu as tout raté et que tu n'as plus d'avenir

Que tout le monde t'a rejeté, parents et amour de ta vie

Que tu n'as plus rien à manger et que par miracle tu as survécu jusqu'ici

Que tu es perdu à cinq heures du matin en plein milieu d'un centre-ville

avec nulle part où aller dormir

Alors la vraie vie commence

Celle où tu n'as plus aucun complexe, aucune pudeur,

aucune morale, aucune valeur déphasée

Sans compte à rendre à personne

Alors je m'en permets jusqu'à en mourir

Je sacre le camp à Londres

Je sors, je bois, je fume, je prends des drogues, je découche à tort et à travers

Et lorsque je suis perdu dans l'Underground qui m'emmène vers le centre,

je jouis !

Je jouis de mon entière liberté

Je suis loin de tous ces gens qui affirment que c'est ainsi que les choses doivent être,

et non comme ça

Je suis loin de ceux qui vivent dans le passé sans rien espérer de l'avenir,

sans même regarder le présent

Eh bien moi je n'ai jamais autant vécu qu'au présent

À partir du moment où plus rien de ce que tu as connu n'existe, la vie commence

- 71 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Fermez tous mes comptes !

 

Le plafond de ma cote de crédit est sauté

Je suis insolvable et irrécupérable, toutes mes banques vous le confirmeront

Je suis leur client le plus délinquant

Ça bip et ça flash sur leurs ordinateurs pour les avertir que

je suis un cas problème désespéré

Je possède une collection complète de lettres d'intimidation

de la Banque nationale de Paris

Ils ont transféré mon dossier à une agence de recouvrement

On m'a appelé au tribunal, mais je m'envolais déjà vers le Canada

La Banque royale du Canada ne cesse de m'envoyer des accusés

de non-réception de remboursements de dettes

Je leur dois au-dessus de vingt-cinq mille dollars

À Londres, The Royal Bank of Scotland se méfie tant qu'elle peut,

me refusant à peu près tout

Ils regrettent déjà de m'avoir ouvert un compte,

ils savent tout sur moi, des choses que j'ignore

Tellement confidentielles, ces informations,

que seuls mes créanciers et mes banques y ont accès

(c'est-à-dire tout le monde sauf moi)

Mais à quoi servent ces banques ?

On m'oblige à ouvrir des comptes de banque à Paris, à Londres, à Ottawa,

on ne peut plus vivre sans eux

Je ferais n'importe quoi pour que l'on me débarrasse de cette dépendance

C'est pire que du harcèlement sexuel ce qu'ils me font subir

Et Visa, ah Visa, holà Visa... God help me !

Le plus beau de tout cela, c'est que,

même en étant hypothéqué de partout comme je le suis,

Je peux encore marcher en plein milieu d'un parc,

voir tout ce vert autour, sentir la chaleur du soleil,

Et me sentir LIBRE comme jamais !

En arriveront-ils à m'enlever ce dernier bonheur?

- 72 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Vieille peau, get a life !

 

Tu es certainement la plus belle jeune fille que j'ai rencontrée dans ma vie

(euh, pas tout à fait, mais presque)

Tu n'as que 21 ans, je t'en donnais 26 (c'est un compliment dans ton cas)

Si je n'étais pas ce que je suis, oui, certes, je te proposerais le mariage

(et j'aurais mon passeport British)

Tu passes entre les rangées, poussant ton chariot plein de livres

(en réduction, tout doit partir)

Tu me souris comme un ange (pour mieux planter tes griffes ensuite)

Tu es douce et vivante (comme les truies dans les porcheries)

Je passerais ma main dans tes beaux cheveux blonds

(parce que tu n'arrêtes pas de flirter, vieille conne)

Mais lorsque je demande ce que tu fais de tes temps libres,

ça ne veut pas dire que je vais t'inviter (fuck off)

Et puis tu m'annonces que tu as un boyfriend

(ceci met un terme à ton flirtage, tu es allée trop loin)

Tu dois absolument aller à ta pause

(qu'est-ce tu impliques vraiment par ton ton déterminé ?)

Tu m'accuses presque de t'avoir agressée sexuellement

(mais où donc vas-tu chercher de telles histoires?)

Tu te souviens peut-être la fois où je t'ai pris une fesse par erreur ?

(croyez-moi je n'ai aucun intérêt à ce fessier)

Et puis je t'ai peut-être frôlé une boule, faute d'inattention

(ça aussi c'est un accident, ou alors c'est inconscient)

Bref, tu es une vraie bitch aujourd'hui de me remettre à ma place

(c'est toi le problème, à être gentille et à flirter)

Impliquer que je voulais coucher avec toi ? (tu dois être vraiment folle)

Presque me traiter de gros dégueulasse devant tout le monde (pour qui tu te prends ?)

Tant pis pour ton boyfriend,

définitivement je ne veux pas d'une femme aussi frigide que toi (amen)

Come on, get a life !

- 73 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Berlin-New York via Londres

 

Je t'ai rencontré un matin à l'aéroport

Tes cheveux blonds et tes lunettes

Nous avions un petit cinq minutes pour se connaître

avant que tu ne traverses les douanes

Tu parles l'allemand, je parle le français, l'anglais est le pont qui nous uni

Tu partais pour New York, je demeurais à Londres

Tu m'as dit revenir à Londres le 21 du mois, mais à l'autre aéroport

Tu resterais moins de deux heures avant de retourner chez toi à Berlin

Tu m'as laissé ton numéro de téléphone et ton adresse en Allemagne

Tu m'as téléphoné de New York pour officialiser ton invitation

Maintenant je ne peux plus me contenir

Il me faut sauter à tes côtés à Berlin, te déshabiller, m'abandonner complètement

Berlin, une ville lourde en histoire, plus lourde que Londres ?

Plus lourde que New York

- 74 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Tu m'as flushé, ça m'a tout fucké

 

Je ne comprends pas

Nous avons tellement de choses en commun

Nous sommes tous les deux très beaux ensemble

Tu viens de Liverpool et dois te battre contre les préjugés des Londoniens

Moi je t'accepte tel que tu es, je t'aime comme tu es,

avec ton accent marqué que j'adore

Encore hier tu m'embrassais, je te tenais dans mes bras,

je pouvais ressentir la chaleur de ton corps

Nous écoutons la même musique à quelques chansons près

(tu aimes Supergrass, j'aime Nine Inch Nails)

Tu semblais désespéré et perdu, cherchant quelque chose impossible à trouver

Je me trouvais devant toi et tu as pris peur

Ça devenait sérieux et ça impliquait trop de changements radicaux dans ta vie d'enfer

Alors tu m'as donné un dernier baisé

Tu t'es levé pour aller aux toilettes

Tu n'es jamais revenu

J'ignore si le soir même tu étais dans les bras d'un autre

Un outsider tu es, je ne te méritais pas

La vie continue

Next !

- 75 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

I'm connected

 

After all those years, I'm finally reconnected

À la musique de mes quinze ans, perdu dans mon village perdu

J'y étais pourtant plus branché qu'à Paris et à Londres

Car il me fallait explorer les bas-fonds de Londres, être libre pour ce faire

Imaginez que ce qui compose votre entière jeunesse disparaisse du jour au lendemain

Remplacé par une période monstrueuse de rap, de house, de dance music,

de techno et de rave (même si tout cela vient malheureusement de Londres)

Puis un jour, alors que l'on croyait le bateau coulé au fond de l'océan

C'est la renaissance, on voit la lumière à la surface

On se branche,

on en retire toute l'énergie nécessaire à l'avènement de tout un monde

Seulement dans ces conditions je puis me perdre sur les grandes surfaces de la nature

Me fondre dans la terre et l'espace

Autrement je suis malheureux, je cherche je ne sais quoi,

je me demande si ma place est bien ici

À Londres je suis chez moi,

davantage que les Londoniens misérables qui rêvent d'Italie et d'Espagne

Maintenant il me faudrait trouver une personne connectée comme moi

Ensemble nous pourrions franchir les océans, visiter l'Espagne et l'Italie s'il faut

Oh God, la vie est belle lorsque l'on découvre qu'elle existe encore

Et que l'on peut non pas se contenter de l'importation ou d'une amère copie

Mais de vivre au beau milieu de l'action, faire partie de l'histoire

Même faire son spectacle, s'habiller en conséquence,

Attirer l'attention, être admiré dans la construction de ce mythe

I'm connected to London, and that means everything

- 76 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Hors de ma vue, hors de ma vie !

 

Tu m'agresses !

Tu détruis la poésie que l'on retrouve dans la nature

Sans cesse tu me ramènes à une certaine réalité destructrice

Avec toi il n'y a point de demi-mesure, tu exagères tout le temps

Tu es prêt aux pires choses pour obtenir vengeance

Vengeance de quoi ? De choses dues que tu as inventées et que tu n'as pas reçues

Tu poursuis en justice les gens que tu as aimés

mais que maintenant tu détestes pour mourir

Tu t'en ronges les ongles, tu t'inquiètes donc, mais ne le fais-tu pas par plaisir ?

Eh bien tu mérites de mourir d'un infarctus,

à faire autant de stress pour ce que tu provoques

Tu m'écoeures, tu es un détritus de la pire espèce

Je te crains comme je crains l'autorité toujours prête à m'achever

Tu éveilles en moi un sentiment malveillant, une impression négative

Sans cesse je m'attends à ce que tu exploses et détruises ce qui reste de notre relation

Je te déteste tellement juste pour ce que tu es

En plus que tu m'as violé, I can't forget that,

j'en serai traumatisé jusqu'à la fin de mes jours

Je n'ai pas souvenir d'avoir autant détesté quelqu'un dans ma vie

Mais qu'est-ce que tu mets en dessous de tes bras?

Les pharmacies Boots font des anti-sudorifiques qui sentent aussi mauvais ?

Tu vois les choses d'une façon si simple

alors que je les vois d'une manière si complexe,

que tu t'imagines que je ne suis pas intelligent pour deux pennies

C'est ton cerveau qui me surprend,

certainement la plus grosse cruche vide que j'aie rencontrée

Hors de ma vue, hors de ma vie !

- 77 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

C'est beau l'amour

 

Ça fait quatre ans que nous sommes en amour par-dessus la tête

On ne se comprend plus, nous tentons d'être fidèles l'un à l'autre

On se cuisine de bons petits plats,

soupe aux brocolis sautés à la crème, charlottes au sirop d'érable

On dort ensemble dans un lit queen size, à peine si on ronfle en dormant

Nous sortons ensemble au cinéma, nous faisons ensemble nos courses

Tout le monde connaît notre relation et l'accepte dans la joie

La vie ne saurait être plus belle

Mais... où s'est-on rencontré ?

Ce que personne ne sait,

c'est que l'on s'est rencontré dans les toilettes d'un bar de la ville

Il n'y a pas plus romantique

Un club très noir rempli de fumée, il était deux heures du matin environ

J'arrivais à peine, j'étais déjà saoul

J'avais fumé des choses peu catholiques, je ne voyais plus clair

Tu m'as déposé chez moi en disant que l'on se reverrait peut-être à la fin de

ton semestre d'études

Je t'ai refilé un faux numéro de téléphone

Toi tu m'as refilé des crabes dans le premier mois de notre relation

Et puis aujourd'hui c'est mort cet amour

Il ne reste que les plus mauvais moments dans mon cerveau

J'ai longtemps souhaité ta mort

Chaque année tu m'as planté là pour aller voir partout ailleurs

Les copains avec qui tu couchais venaient sonner à la porte de l'appartement,

tu es une belle salope

Aujourd'hui je me sens libéré comme c'est indescriptible

C'est beau l'amour...

- 78 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je n'ai aucun goût

 

Aidez-moi quelqu'un !

Je n'ai aucun goût

Je suis impuissant à reconnaître le vrai art ou la vraie mode

Je suis incapable de distinguer le beau du pourri

Je m'habille si mal que mes amis ont honte de moi

On me dit que c'est urgent que je me fasse ausculter le cerveau

L'idée de décorer un appartement (si je viens qu'à trouver mon trou à moi)

me rend malade

Non plus je saurais apprécier la décoration d'un autre

À l'image de ma personnalité, cet appartement serait infernal

Je ne connais rien aux modes formelles,

j'ignore ce qu'il faut porter lorsque l'on rencontre du "vrai" monde

On ne m'a rien dit de ce qu'il faut offrir aux invités, servir quoi avec quoi

Les bonnes manières, ça ne me dit absolument rien

Quels sont les bons auteurs dont il faille dire : oui, je les ai lus ?

Que faut-il dire sur eux pour paraître intelligent et cultivé ?

Quelle sorte de musique est-il d'usage d'écouter, qui est jugée acceptable ?

La honte et l'amour propre me sont inconnus

Je suis non présentable, je ne suis pas du monde

Aidez-moi quelqu'un !

- 79 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

J'ai enfin trouvé l'happiness

 

Je suis si heureux !

Mes rêves sont tous devenus réalités

Tout le monde m'aime, est excessivement gentil avec moi

Partout j'ai des mains tendues prêtes à me venir en aide

Je suis devenu riche du jour au lendemain

Je n'ai plus aucun problème

Je vis sainement, je mange de bons légumes toute la journée

Je fais de l'exercice tous les matins dans les bois

autour de la gigantesque maison que j'ai achetée

Je fais une promenade quotidienne dans les bois clôturés à l'électricité

autour de mon château

J'ai découvert Dieu dans un coin de la forêt,

tout près d'un arbre que je pourrais vous montrer

J'ai trouvé un maître spirituel des plus puissants

Plus rien ne m'effraie, je fonce plutôt que de m'assoupir

Bref, j'ai tout accompli de la destinée que l'on souhaitait pour moi

Je n'ai plus rien à attendre de la vie, j'ai enfin trouvé l'happiness

Of course, everything here is completely untrue

Et Dieu que ça me rend heureux

C'est complexe la vie

- 80 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Pas de pitié pour les rejetés

 

Que veux-tu que je fasse avec un gros rejet de la société comme toi ?

Qu'est-ce qui t'est passé par la tête le soir où tu as eu le courage de me parler ?

Tu as eu l'audace de profiter de mon état d'ébriété pour m'embrasser,

venir chez moi, enlever ton t-shirt

Comment peux-tu te surprendre lorsque j'ai tout de même la conscience

de me rendre compte que tu es un rejet ?

Je t'ai dit d'emblée que nous ne ferions pas l'amour,

je t'ai inventé des salades pour justifier mon écoeurement

Malheureusement, le lendemain tu es sorti au même club que moi

Tu m'as vu sauter dans les bras de quelqu'un d'autre

Tu t'es assis juste à côté de moi, espérant que je te parle

Au lieu de ça, tu m'observais en train de manger l'autre personne

Tu crois que je n'ai aucune conscience, aucune pitié

Et c'est vrai, au diable les rejetés de la société

On n'est jamais rejet sans raison évidente

Va jouer dans le trafic, moi j'ai des choses plus importantes à faire

- 81 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je suis juste un beau visage

 

Je fais le beau, je parais bien à côté de gens riches mais laids

Je remplis un vide, j'anime les conversations

Je suis une oreille attentive, un confident qui ne contredit jamais rien

Je n'ai aucun mérite, je suis né ainsi

Partout où je sors on me dit que je suis beau, on vient me parler

J'ai énormément de facilité à obtenir ce que je veux,

à m'intégrer dans n'importe quel milieu

Je suis votre animal domestique de rêve

On se sert de moi pour se revaloriser

Mais attention, mon petit cerveau fonctionne tout de même

Je vous aperçois venir de très loin

Je vous juge et je vous méprise

Je vous écoute mais je vous hais

Si vous abusez de moi, je me vengerai

Je ne crois pas en la richesse

Je ne crois pas en la sécurité et la stabilité

La mondanité pour moi n'existe pas, les gens célèbres n'existent pas

Les gens importants ou intelligents n'existent pas

Tous sont identiques à mes yeux, sinon pires que le commun des plus communs

Toute tentative de m'acheter ou de m'impressionner sera vaine

Il y a énormément de jeunes de 18 ans, sans personnalité,

prêts à embarquer avec n'importe qui

Et s'ils ne couchent pas avec vous, vous vous en lasserez vite

S'ils deviennent exigeants, vous souffrirez

Je suis juste un beau visage, mais attention, je mords

- 82 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Fucking Immigrant

 

En France ils ont compris, ils m'ont mis à la porte avec interdiction de revenir

(sauf comme touriste dépensier)

Aux États-Unis c'est la même chose,

seule la main-d'oeuvre spécialisée peut traverser la frontière

Heureusement que l'Angleterre, forte de son histoire, m'accueille à bras fermés

Alors je débarque à Londres et je n'ai droit à rien

Aucune aide à recevoir de personne, aucune assurance

Je dois me contenter des pires emplois sur le marché

Je dois me battre pour mon droit à la survie

Confronter ceux qui disent que je vole l'argent des Anglais

Il faut être motivé et romantique pour sacrifier le bien-être et la facilité

pour s'offrir le titre misérable de Fucking Immigrant et la merde qui vient avec

Je suis peut-être un sale immigrant,

mais je souffre en conséquence et je jouis dans ma misère

Pas de pitié pour les Anglais,

ils n'ont qu'à se battre s'ils veulent mon emploi qui ne paie de toute manière pas

Je suis un Fucking Immigrant and I like it !

- 83 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Vingt-six caméras me surveillent lorsque je chie

 

Lorsque je vends des magazines de cul à de vieux

croûtons qui voyagent en première classe

Lorsque je vends des revues de cul à des jeunes de moins de 18 ans

Lorsque je vends des cigarettes à des jeunes de moins de 16 ans

Il y a vingt-six caméras qui m'observent

Sous prétexte des bombes, je ne puis plus me décrotter le nez

sans que quelqu'un quelque part m'observe

On a fait de moi un robot qui a atteint la perfection

Je ne fais rien qui puisse être mal interprété

Je ne dis rien à propos de rien

Je travaille jusqu'à en mourir dans ma sueur

Pour que l'on ait aucun reproche à me faire

Toute la journée je vis écrasé sous le stress d'une constante surveillance

qui épie et juge mes faits et gestes

Je suis devenu tant paranoïaque

que j'ai l'impression que ça continue chez moi dans ma chambre

Toute ma vie est maintenant basée sur l'idée que l'on m'observe

Nos enfants n'auront pas la vie facile

Chaque parent ou gouvernement installera sa petite caméra

cachée dans tous les coins

On les achètera en paquet de vingt chez Tandy-Radio-Shack

Ils l'ont eu leur société parfaite où plus personne n'ose faire ou dire quoi que ce soit

Mais à quel prix ?

Chier en paix, ça c'était pour nos arrière-grands-parents

Et encore, avaient-ils des toilettes ?

- 84 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Une belle bombe là-dedans...

 

Mon allergie pour les uniformes bat son plein

C'est bourré de vieux bonhommes en cravates avec valise qui puent le dessous de bras

Ils sont fiers de représenter le conformisme nécessaire, selon eux,

à la constitution d'un monde

Le problème, c'est que le monde dans lequel ils vivent n'est que virtuel

Ils travaillent dans le virtuel

Ils achètent du virtuel

Ils se nourrissent de virtuel

On leur offre un niveau de vie élevé pour qu'ils s'amusent avec du vent

Le virtuel ne nous apporte rien de concret

Mais leur apporte, en plus de leur complet-cravate,

une gigantesque maison et une impressionnante voiture

Il n'y a rien d'enviable ou d'admirable chez quelqu'un qui porte une cravate

C'est clairement écrit dans son front qu'il ne fout rien de concret

pour soulager la misère humaine

Au contraire, il profite de cette exploitation

D'autres travaillent pour lui fournir plus qu'il n'aura jamais besoin

Ainsi une bombe là-dedans ne ferait qu'aider la race humaine

Sauf pour ce qui est des assurances-vie astronomiques de ces messieurs,

chacune doit atteindre le million de livres

C'est là où nous a conduits le virtuel

À la surprotection de ceux qui n'en ont pas besoin et à la perte du bon sens commun

- 85 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Trop de gens stupides autour de moi

 

Je ne puis plus respirer

Je dois endurer l'imbécillité d'autrui

qui ne sait plus quoi inventer pour attirer mon attention

Alors je fuis leur conversation qui ne suit aucune logique commune

L'absence de logique est parfois admirable

Mais l'illogisme de ces cons n'est d'aucun intérêt

Dieu que je souffre à les voir se traîner autour de moi, les voir parler aux murs

Il y en a même un pour me raconter la vie de son idole en long et en large :

Jésus-Christ

Un Africain témoin de Jéhovah, balayeur de plancher, qui parle français en plus ;

on aura tout vu

Lorsque je suis sur le bord de la crise de nerfs,

qu'ils me tombent sur le système, que je vais exploser, c'est :

Ôtez-vous de mon chemin !

Sacrer le camp ailleurs !

Mêlez-vous de vos affaires !

Laissez-moi me débrouiller en paix !

Ne m'adressez plus jamais la parole !

Allez vous faire frapper par un autobus et qu'on n'en parle plus !

Comment se débarrasser de l'imbécillité humaine?

- 86 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je te frapperais jusqu'au sang

 

Laisse faire les sourires mongoliens

Il n'y a rien de drôle à ce que je ne rentre qu'un soir sur trois

Va t'habiller, j'en ai ma claque de te voir nu

Get a life for god's sake

Sors de ton trou, fais-toi des amis

Rencontre des gens qui changeront radicalement ta destinée

Arrête de te nourrir à même mes expériences

Je n'ai pas besoin que l'on m'envie ou que l'on me méprise

Tu habites loin de tout, personne ne veut s'y rendre

Je déteste tout en toi,

tu es une de ces personnes dont absolument rien n'est supportable

Tu me demandes 10 % d'intérêts par jour

pour vingt livres sterling que je te rendrai deux jours plus tard

Même si mes comptes de banque sont dans le négatif,

je me méfie de toi, je cache mes numéros de cartes

Tu es la première personne en qui je n'ai aucune confiance

Vraiment, tu as des amis qui t'apprécient ?

Ils doivent être désespérés pour vrai

Tu as un paquet de pots de crème, de petites bouteilles chimiques bizarres,

à quoi ça sert ?

Parfois ta gentillesse me laisse perplexe,

je sais que tu prépares ton sale coup de cochon

Prêt à me poignarder dans le dos alors que je serai peut-être déjà loin

De toi je m'attends à tout, j'aurai pourtant tout fait pour éviter d'en arriver là

Mais tu ne cherches que cela, tu remplis ta vie de misère, de vengeance inutile

Tu cherches les moyens de détester et de faire de la merde

On remplit sa vie comme on peut, mais pas à mes dépends s'il vous plaît

Comment te faire disparaître de ma vie ?

- 87 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Le nouvel amour de ma vie

 

Tu me dureras peut-être deux semaines

Tu es de Newcastle

D'une famille de travailleurs pauvres

Ton éducation est nulle

Tu vies dans les vidanges à Camden Town, welfare building, ils paient tout pour toi

Pendant six ans tu as vécu dans des édifices abandonnés

Tu es un artiste inspiré par les drogues

Ta place, c'est Russell Square à cinq heures du matin

On ne respire pas chez toi, on étouffe

On ne respire pas avec toi, on étouffe

Mais lorsque l'on fait l'amour, god,

tu m'emmènes loin de mon enfer en m'emportant dans le tien

Je n'en peux plus de la pureté qui habite encore chez ses parents

De la pureté qui méprise la seule idée que l'on puisse faire l'amour

De la pureté qui aura la vie en horreur toute sa vie

Jusqu'à ce qu'elle comprenne que la pureté, ça rend malheureux

Ô toi amour de ma vie, n'attendons pas le jour du jugement dernier pour agir

Envolons-nous dans les alentours, nous n'avons rien à perdre

N'y a-t-il que moi qui puisse voir et sentir ta beauté ?

Pour aller m'évanouir dans ton univers humide et fétide ?

Eh bien nous mourrons consumés au bout de notre amour

Dans deux semaines très exactement

- 88 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Ce soir sur Oxford Street

 

Tu m'invites dans un club noir appelé Vortex

Party imposant, je rencontrerai tous tes amis

J'aurai toutes les possibilités de me faire des contacts me dis-tu,

même si je ne parle pas leur langue

Tu prendras des drogues,

tu me demandes si j'en prendrai, même la moitié d'une petite pilule

Tu dis que tes amis n'auront qu'une seule chose à dire à propos de moi :

God, how old is he ? He looks sixteen !

C'est triste les préjugés, ça me ferme toutes les portes

Je serai tout de même là ce soir sur Oxford Street

À essayer de connaître ces gens qui me mépriseront pour ce que je porte

Je sens que je risque de partir avant l'aurore

Je serai mort de boisson pendant que tu seras high

Je prendrai ce que l'on m'offrira,

je n'ai pas suffisamment d'argent pour te suivre dans ton vol

Je n'ai plus rien mangé depuis deux jours,

je n'avais qu'un vegetable curry périmé de chez Sainsbury's

Je n'ai pas osé le manger, car s'il me fallait vomir ça, ça ferait peur

Une grande soirée, deux livres sterling pour passer au travers

La vie est belle !

- 89 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Bitchy Woman

 

Même pas une minute après les présentations, tu m'insultais déjà

M'affirmant que tu me plaignais d'être né ailleurs qu'à Londres

Ensuite je t'ai bien regardée

Tu es vieilles ma fille, ton visage ne sait pas cacher tes rides

Ton maquillage empire ta condition de peau en décomposition

À cet âge tu sors encore tant que tu peux, tu consommes alcool et drogue

Malheureusement, ton corps cache mal ce style de vie

Tu t'habilles comme une vache folle et tu te crois au sommet de la scène londonienne

Tu es ridicule jusqu'au plus profond de ton être

Ma pauvre bourrique, j'ai toutes les raisons de te plaindre

Moi qui suis encore si jeune et si beau et si intelligent

Tant que l'on me considère comme un puppy que l'on souhaite écraser sur son coeur

On m'offre le monde sur un plateau, le monde m'appartient donc

Chaque jour je refuse des chances incroyables qui pourraient m'emporter loin

On veut mourir dans mes bras, moi, madame

So who cares if I'm not born in the West End ?

- 90 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Fucked up

 

Son copain est sorti, elle veille sur son retour

Elle attend en vain, mais il ne rentre plus

Elle s'assoupit pour la nuit et décide de sortir elle aussi

Sur place elle rencontre des gens

Elle discute de sa vie de couple monotone, de son manque de renouveau

De ses intérêts différents, de sa philosophie particulière

Puis elle rencontre cette femme de Los Angeles, mais est-ce bien une femme ?

Elles se retrouvent dans le lit conjugal

Elle sent soudain quelque chose entre ses jambes : un pénis très long et très mince

Elle sait même l'utiliser jusqu'à en éprouver un orgasme

Un orgasme féminin, cependant, qu'elle dira

Le lendemain elle se réveille, son copain a repris sa place dans le lit

Mais elle n'est plus la même, qu'elle dit

Il y en a des fuckés, je vous jure !

- 91 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Une grosse truie, mère de mon enfant ?

 

Il faut la voir se laisser aller le derrière sur la piste de danse

On comprend qu'elle n'aime pas son Los Angeles natal

Son Los Angeles l'a tout simplement rejetée

Elle voudrait être mère de mon enfant

Il serait certes bien au chaud enserré dans ses tripes

Marqué à vie par le confort d'une mère chaude aux gros seins

Elle est une bonne vivante, peut-être trop pour mon enfant

Car moi je veux le mieux pour mon enfant

Je suis prêt à tout lui sacrifier : mes efforts, mon argent, ma vie, mon âme

Je veux faire de lui un avocat ou un médecin

Je le veux premier ministre et non perdu de ce monde

Je le veux comte ou baron reconnu par la loi

Je le veux maître de l'univers

Alors s'il vous plaît, pas de grosse truie mère de mon enfant

- 92 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

C'est ta femme là par terre sur la piste de danse ?

 

Qui embrasse le DJ dégueulasse qui sans cesse

baisse ses pantalons devant tout le monde ?

C'est beau l'amour, encore plus les mariages de raison

Voilà à nouveau un épais nuage de fumée qui enrobe le tout

Donne-moi une pilule d'Ecstacy,

si tu veux que je tienne douze heures en un tel calvaire

J'ai vu ton univers

Ton univers m'a jugé : beau, certes, mais trop jeune,

cerveau vide, con, naïf et innocent

Eh bien je l'emmerde ton univers !

Je le méprise ton univers à la dance music until death

À Dieu, on se reverra aux enfers !

- 93 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

La vengeance vient toujours

 

J'avançais à travers la foule

Au-delà de quelques têtes, tu étais là, bien embarrassé de me voir

Qu'allais-tu faire ?

Pour te rendre la vie misérable, je me suis installé bien en vue devant toi

Allais-tu m'ignorer après m'avoir salué gauchement

Non, tu m'as emmené plus en arrière

Tu m'as avoué avoir agi très stupidement en allant aux toilettes et en ne revenant pas

Tu brûlais de me téléphoner pour m'expliquer tes raisons

Que tu ne voulais pas de relation sérieuse

Mais que maintenant tu as changé d'avis et tu veux me connaître davantage

(Les clubs devaient être vides de gens intéressants pour que tu me rappelles à toi !)

Tu ajoutes que, si je désire t'envoyer chier, tu comprendrais

Eh bien : Fuck off !

Je crois que tu ne me méritais pas

- 94 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Marianne Faithfull à Russell Square

 

J'ai passé une soirée inoubliable

Dans le creux de ton lit couché entre toi et Mylène

On a bu et on a fumé en écoutant Marianne Faithfull

On a fait une surdose de poppers

Mylène a perdu connaissance et s'est frappé la tête sur le coin du bureau

On a rêvé toute la nuit

Parlé de la petite Marianne corrompue qui dormait juste à côté dans Russell Square,

malade de drogue dans les creux de sa carrière

C'est rafraîchissant la misère

On vit la nuit, on tente de dormir le jour, mais il faut travailler

Nous n'avons pas fait l'amour, mais Marianne valait bien cet intermède

- 95 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Trop d'amours de ma vie !

 

Ça fait la file pour me voir et coucher avec moi

J'ignore comment placer tout ce monde dans mon horaire

Heureusement que je suis bourré d'énergie, je peux éjaculer plusieurs fois par jour

Je ne mens même pas, tous savent que je suis une salope

D'autres souffrent, car ils n'entrent pas dans mes normes,

je les repousse de la main sans pitié

Je couche avec ce qui est beau, ce qui est jeune, parfois même dans l'illégalité

Peut-on finir en prison pour avoir fait l'amour?

Eh bien j'irai en prison, ça en aura valu la peine

Pourquoi les regrets ? Ces jeunes ont plus d'expérience sexuelle que moi,

c'est tout dire

Mais j'avoue n'avoir jamais voulu ce déluge d'amours de ma vie

Je vous jure que je n'en voulais qu'un seul

Je n'en avais d'ailleurs qu'un seul

avec qui j'ai passé les quatre plus belles années de ma vie

J'étais pur et innocent, à chevaux sur mes principes, mariage et fidélité

Mais on avance et on voit ce que c'est, que personne ne respecte ces vieux principes

Sauf quelques désespérés qui ne savent plus à quoi s'accrocher

Ainsi l'amour de ma vie m'a rejeté quelques mois pour explorer l'univers

Normalement je serais revenu au bout de ce temps aussi pur qu'avant

Of course, c'est moi qui ai pris le bord et qui ai décidé de vivre

Au diable les amours de ma vie, les beaux principes, les lois et les chartes

Moi je vis et mon chemin est parsemé de gens qui désirent vivre eux aussi

On sait ce que l'on veut, il s'agit de l'accepter et de passer à l'acte

Je n'ai honte de rien, je ne regrette rien

- 96 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Des crabes, des crabes, encore des crabes

 

Ça te grattait énormément, tu mettais ça sur le compte du stress

Comme tout le monde, tu as été abusé sexuellement, ce qui a bloqué tes neurones

Ton médecin n'a rien trouvé de ces petites bêtes, il t'a conseillé un psychanalyste

Tu fais maintenant tes exercices de visualisation afin de te calmer avant l'explosion

Tu n'as jamais pris le temps d'arrêter dans le silence pour réfléchir

Je te rencontre à l'aurore à la sortie des bars, en sueur,

drogué complètement, hors de notre monde

Tu me regardes comme un légume, tu ne me reconnais même pas

Tu te souviens vaguement que ça fait quatre jours que tu es sorti

et tu ne sais plus où tu es

Je te donne mes dernières livres pour que tu manges,

tu les utilises pour te payer j'ignore quelles drogues

Tu m'accuses de ne plus t'appeler, mais il y a une limite à mes ressources

Je ne puis plus te suivre dans les bas-fonds londoniens, tu es trop enfoncé

Tu n'en reverras plus la surface

alors que moi j'ai la volonté de revenir en surface un jour (si possible)

C'est la mort qui t'attend au prochain tournant

Je te remercie pour ton cadeau d'adieu :

Des crabes, des crabes, encore des crabes !

- 97 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Mourir en paix

 

Je souhaiterais mourir en paix

Loin de tous ces systèmes de pensées et de tous ces systèmes

Loin de tous et de toutes

À me suffire moi-même pour ma survie

Dans des conditions que je saurais rendre viables

Vous n'avez plus rien à m'apporter, je suis plein et, voyez, je vous vomis au visage

Je n'ai rien à vous apporter, partout je n'ai vu que le rejet

Ainsi, si je n'ai rien à attendre de vous et vous rien à attendre de moi,

pourquoi m'obliger avec toutes ces obligations,

ces responsabilités, cette bureaucratie ?

Je ne demande pas la mer à boire, je ne demande pas toutes ces lois et ces règlements

Je ne demande même pas la jouissance d'un quelconque bien

Encore moins que l'on satisfasse mes besoins

Je demande de pouvoir demeurer assis là par terre jusqu'à ce que mort s'ensuive

Mais jamais vous ne m'accorderez ce droit

Triste monde !

- 98 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je fais l'Histoire

 

De rien, je déplace les édifices et je construis des pyramides

Pauvre, j'assimile la richesse et je conçois des systèmes

Sans études significatives, je charme la vie et la crée tout à la fois

Sans parents ni famille, je me reconnais en tout et chacun et j'enfante des étoiles

De détails insignifiants, j'étudie en profondeur et je mythifie les événements

Par moi l'histoire se produit

Par moi l'histoire existe

Je suis l'essence même de la vie

Car j'ai la prétention nécessaire à l'accomplissement d'une grande destinée

- 99 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

Je suis Dieu le Père

 

Je suis Dieu le Père

Créateur de l'Univers

Voilà, je l'ai dit

Je n'ai plus rien à ajouter

- 100 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

Sommaire

 

Résumé

Préface

L'Âme collective décomposée

Ni Foi Ni Espoir

Je suis corrompu

N'être rien

Allons à la messe ce dimanche !

Vos enfants, tous des cruches vides

L'Anarchiste

Have a nice cup of tea, my dear

Je vais vous dire ce qui est normal moi

J'ai fait l'amour à la salope de la ville

Mais c'est commun ici à New York

Bois ton whisky, ma vieille, tu seras sauvée!

Nous ne sommes pas une génération perdue

L'Alchimiste

Hell Help

Je frappe et je tue

Près de Buckingham Palace

Flush tout ça dans les toilettes

Cesse de me vomir dessus

Dieu m'aime !

Ma vie est guidée par le sexe

Le pauvre petit

Ma tête va exploser !

J'ai pissé sur la Sorbonne

Je l'aime mon sugardaddy

Les vagins m'obsèdent

Ce que j'ai trouvé dans la Holy Bible de l'hôtel

Je suis votre leader

Je suis inatteignable

Je suis un irresponsable

Mon mea-culpa

Ma dévolution, ma révolution

Je suis jetable après usage

 

Pénétrez dans mon enfer

Viens, je vais te faire découvrir le monde

Allons, que diable, j'ai une vie à vivre !

Je suis passé au salon mortuaire

La crise existentielle

La bonne viande saignante

La viande entre les jambes d'une femme

Je ne poserai pas nu pour tes beaux yeux

Môman, viens chercher ton fils

L'agace-pissette

À mort, les touristes !

Tu veux le faire à cinq ?

Emmène-moi voir l'Irlande

Je flotte dans l'espace

Si je ne bande pas, est-ce de ma faute?

Fuir, fuir, fuir !

Je vais me tirer une balle

Les fleurs, ça sent le Christ en décomposition !

You're so sweet !

Je vis dans les extrêmes

Go fuck yourself, you ass hole !

Au coeur de Londres

Je ne peux t'endurer, mais je coucherais avec toi

Tu as abusé de moi

T'es rien qu'une hostie de chienne

Je suis incompatible avec la vie

Il n'y a pas de nobles sentiments

Il n'y a rien de pire que les gens à principes

The Policy of Truth

Va te laver !

Sexe ? Voici les contrats à signer...

Arrête de dire que je suis un naughty boy !

Être Extrémiste

Les gros porcs fatigants

À partir du moment où...

Fermez tous mes comptes !

Vieille peau, get a life !

Berlin-New York via Londres

Tu m'as flushé, ça m'a tout fucké

I'm connected

Hors de ma vue, hors de ma vie !

C'est beau l'amour

Je n'ai aucun goût

J'ai enfin trouvé l'happiness

Pas de pitié pour les rejetés

Je suis juste un beau visage

Fucking Immigrant

26 caméras me surveillent lorsque je chie

Une belle bombe là-dedans...

Trop de gens stupides autour de moi

Je te frapperais jusqu'au sang

Ô toi nouvel amour de ma vie

Ce soir sur Oxford Street

Bitchy Woman

Fucked up

Une grosse truie, mère de mon enfant ?

C'est ta femme là par terre sur la piste de danse ?

La vengeance vient toujours

Marianne Faithfull à Russell Square

Trop d'amours de ma vie

Des crabes, des crabes, encore des crabes

Mourir en paix

Je fais l'histoire

Je suis Dieu le Père

OMIS DE LA VERSION PUBLIÉE:

Les bas-fonds du Marais

Church Street

De vrais poulaillers

Innocentes petites Indiennes d'Heathrow

- 101 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

(Omis de la version publiée)

 

Les bas-fonds du Marais 

 

I'm a frog

Je passe mon temps dans le Marais

Je saute partout entre l'Hôtel de ville et la Seine

J'entre dans ces endroits peu recommandables

Je fais des choses peu recommandables

Je ne sens aucun regard qui me juge

J'erre dans les coins noirs

La vie est belle dans le Marais

Même si moi je suis vert et gluant

Et que je passe la nuit à coasser

Au son d'une musique barbare

On distingue tout de même mon cri

On me prend pour me réchauffer

Parfois j'avale les mouches

Avant de retourner sauter partout le reste de la nuit

J'aime bien le Marais

 

 

- 102 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

(Omis de la version publiée)

 

Church Street

 

Ô Church Street, je te rends gloire au plus haut des cieux

Tu es bénie entre toutes les rues

Sainte, Sainte, Sainte, la Church Street

Vivez dans la paix du Seigneur, vivez dans l'amour du Saint-Esprit

Les lois sacrées de l'union entre deux êtres

Voici le corps du Christ, buvez son sang meurtrier

Ô Church Street, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne

Que ta volonté se fasse sur la Terre comme au Ciel

Tu nous donnes notre pain quotidien en nous soumettant à la tentation du mal

Mais ô Church Street, le fruit de tes entrailles est béni

 

 

- 103 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

(Omis de la version publiée)

 

De vrais Poulaillers

 

Partout c'est rempli de gens qui courent on ne sait où, dans toutes les directions

Dans les avions ça devient intolérable, les gens courent dans toutes les directions, mais on sait où : dans l'avion

Tu as le poulailler au complet compact dans ce corbillard volant

Tu dois subir cette volaille et ses caprices

Toujours il y a une grosse dinde à côté de toi

Elle te pose plus de questions que tu n'en as jamais eues dans ta vie

Toujours un coq se tient en roi au bout de la rangée, empêchant tout le monde de passer

Picorant sur la tête de tout le monde, à faire chier le personnel de bord

Toujours les poussins hurlent à la mort

plus que leurs petits poumons et nos oreilles peuvent en supporter

Bref, que fait-on avec les poulaillers en général ?

On y met le feu

Et, avec toutes leurs salades immangeables, on fait un merveilleux repas de Thanksgiving

 

 

- 104 -    Sommaire


Roland Michel Tremblay               L'Anarchiste               www.lemarginal.com

 

(Omis de la version publiée)

 

Innocentes petites Indiennes d'Heathrow

 

Prises entre deux courants, l'est et l'ouest

Entre l'idée de pureté et de souillure

De tristesse et de joie

Vous avez le malheur d'être du sexe féminin alors que l'on ne veut que des fils

On vous impose des rites religieux effrayants et dispendieux qui ne vous disent rien, vous indiennes de l'ouest

Vous buvez et fumez loin des vôtres

Vous faites l'amour, mais c'est secret absolu

Votre quarante-cinquième voisine que vous n'avez jamais vue vous dénoncerait à vos parents

On vous lapiderait sur la place publique

Salopes et sales que vous deviendriez si on savait que vous avez embrassé un homme

Se battre contre les préjugés, se battre contre autrui, se battre contre les siens

Pas de libération promise

Le mariage qui vous place sous haute surveillance ne vous attire pas

Vous compensez en vous construisant une personnalité complexe

Et comble de tout, un groupe de blancs racistes a déjà tué trois de vos jeunes frères

On ne fait pas le poids dans ce monde de misère

 

 

Cliquez ici pour l'Anarchiste Tome II

www.lemarginal.com/anarchiste2.htm

 

- 105 -    Sommaire


Retour à la Bio-Bibliographie

Imprimez et lisez ces pages à partir d'une des versions à télécharger :

 

         L'Anarchiste:                       Tous les Livres de RM:                  Les Applications:

   Acrobat Reader (PDF)        Acrobat Reader (PDF) (EXE)                Get Acrobat Reader

      MS Word (DOC)                      MS Word (DOC) (EXE)                      Get Acrobat eBook Reader

      MS Reader (LIT)                     MS Reader (LIT) (EXE)                     

 

    L'Anarchiste Tome II:

         MS Word (DOC)